Lune de miel entre Rabat et Madrid

La visite ce jeudi 7 avril du président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez au Maroc et sa rencontre avec le Roi Mohammed VI est un événement majeur dans le contexte politique actuel. Elle a plusieurs ambitions dont celle d’inscrire dans le marbre la nouvelle page entre les deux pays, inaugurée par la reconnaissance espagnole pleine et entière du plan d’autonomie marocain pour régler définitivement le différend sur le Sahara.

Une nouvelle ère commence entre les deux voisins dont les relations ont été marquées ces derniers mois par une crise majeure inédite suite à l’épisode « Benbattouch ». Au point que la défiance et la méfiance entre les deux pays sont devenues un marqueur essentiel de leurs relations.

Aujourd’hui, cette visite hautement politique vise à mettre sur de nouveaux rails, encore plus solides, un nouveau partenariat entre le Maroc et l’Espagne. Il s’agit d’écrire ensemble une nouvelle géographie politique basée sur la défense d’intérêts communs vitaux à la prospérité et à la stabilité de la région.

Cette visite et la diligence avec laquelle elle a été organisée visent aussi à adresser un message de clarté et de vérité à l’ensemble de la région. Lorsque le spectaculaire tournant espagnol sur le Sahara a été opéré, l’Algérie qui continue pourtant à claironner qu’elle n’est pas partie prenante dans ce conflit, avait rappelé en urgence son ambassadeur pour consultation. Par cette mesure spectaculaire, Alger a dévoilé ouvertement ses véritables intentions à l’opinion publique internationale et ses velléités à saper l’intégrité territoriale du Maroc.

Des menaces en provenance d’Alger ont été proférées en direction de l’Espagne. L’allusion à l’arme du gaz algérien, qui se voulait dissuasive, a été lancée dans ce bras de fer diplomatique.

La propagande algéro-polisarienne a longtemps voulu laisser croire que la position du gouvernement espagnol est à la fois conjoncturelle et éphémère et qu’elle ne reflète pas l’ensemble des composantes du gouvernement et de la société espagnole. Cette stratégie visait à cultiver la confusion et l’incertitude, à semer le doute sur cette nouvelle dynamique régionale.

Or, cette visite de Pedro Sanchez à Rabat lève toutes les ambiguïtés possibles opportunément entretenues par le régime algérien. La reconnaissance espagnole n’est pas le fruit d’un comportement d’humeur et d’une prise de position de circonstances. Il s’agit d’une position de l’Etat espagnol,  mûrement réfléchie, irréversible dans ses conséquences et ses portées .

Aujourd’hui, le Maroc et l’Espagne lancent ensemble une nouvelle séquence dans l’histoire de leurs relations parfois calmes et récemment tumultueuses. Il s’agit d’accentuer, voire de magnifier  leur coopération dans de nombreuses domaines économiques politiques et stratégiques. La lutte contre l’immigration clandestine, le grand banditisme, le trafic de drogue, la lutte contre le terrorisme, autant de sujets d’intérêts communs qui vont mobiliser et motiver le partenariat entre Rabat et Alger.

Cette nouvelle lune de miel entre Marocains et Espagnols aura certainement un impact sur la région. L’Europe s’est bruyamment réjouie de ce rapprochement entre les deux pays. Le Maroc est en droit d’attendre que cela se traduise sur le plan institutionnel par une reconnaissance officielle européenne de la souveraineté marocaine sur son Sahara. Sur ce point précis, la nouvelle approche espagnole est de nature à lancer une nouvelle dynamique européenne sur le Maroc et le Maghreb.

L’Union européenne n’aura d’autres choix que de tenter de convaincre les derniers réticents à cette solution politique marocaine de procéder à une mise à niveau des positions et des approches qui soit compatible avec les nouvelles données régionales. L’objectif stratégique étant de se prémunir contre tous les facteurs d’instabilité que renferme cette dispute territoriale armée et financée par le régime politico-militaire algérien.

Par ailleurs, ce même régime algérien, partie prenante de cette crise régionale, se trouve dans une véritable impasse. Comment gérer le dernier bastion européen de sympathie à l’égard de l’aventure séparatiste ? Fuite en avant avec ses conséquences sécuritaires ou retour à la raison et à la sagesse d’Etat ?

Ces retrouvailles maroco-hispaniques sont un grand signal pour la stabilité et la prospérité de la région. Elles traduisent le triomphe de la real politique au détriment des chimères d’un autre temps. Elles augurent de nouvelles alliances et une nouvelle configuration des rapports de forces régionales. Elles consacrent le triomphe diplomatique marocain qui, depuis de années, a fait de la persuasion et de la défense acharnée de ses intérêts sa principale boussole stratégique.

 

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