« La poussée vers le sud de la violence extrémiste est devenue, à partir d’incidents isolés, une menace très réelle dans les pays côtiers, poussant par exemple le Togo à déclarer l’état d’urgence dans le nord de son territoire », a souligné le représentant spécial du SG de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mahamat Saleh Annadif lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
Relevant que le changement climatique amplifie et exacerbe les conflits existants, dans un environnement « déjà vulnérable à d’autres chocs », le responsable onusien a noté que dans de nombreuses régions du Sahel en particulier, des groupes extrémistes et criminels exploitent ces faiblesses.
“Leurs promesses d’être des pourvoyeurs de protection et de justice sociale trouvent souvent un terrain fertile parmi les populations vulnérables”, a-t-il averti, estimant qu’il n’existe pas de potion magique pour lutter efficacement contre l’insécurité.
“Cela passe nécessairement par une gouvernance démocratique et responsable, y compris la mise en place d’administrations décentralisées qui apportent des solutions au quotidien des populations, dans le respect du contrat social de participation et d’obligations mutuelles entre le gouvernement et les citoyens”, a-t-il recommandé.
M. Annadif a, par ailleurs, fait observer que plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest renforcent, avec succès, les fondements de la gouvernance démocratique, ajoutant que lors des récentes élections locales et législatives au Sénégal et en Gambie, les citoyens ont saisi avec maturité l’opportunité dans des processus qu’ils considéraient comme équitable, de demander des comptes à leurs représentants dans les instances du pouvoir.
Il a en outre signalé que des processus de dialogue sont en cours dans plusieurs pays, créant ainsi des consensus politiques qui sont autant d’opportunités de renforcement de la cohésion sociale.
Évoquant la situation humanitaire dans la région, l’émissaire onusien a rappelé que des expertises récentes indiquent que l’Afrique de l’Ouest fait face à une crise nutritionnelle sans précédent, précisant que dans les pays du G5 Sahel, 12,7 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, soit 45 % de plus qu’à la même période l’an dernier. Le déficit pluviométrique de l’année dernière a réduit la production alimentaire de 11 % en moyenne dans le Sahel (et jusqu’à 39 % au Niger).
Aggravés par le contexte géopolitique international, les prix des denrées alimentaires ont ainsi augmenté de 40 à 60 %, ce qui les rend hors de portée de nombreux ménages des démunis ou des déplacés, a-t-il poursuivi.
Parallèlement, le retrait annoncé du Mali du G5 Sahel et les redéploiements militaires en cours remettent en cause les dispositifs de sécurité dans la sous-région, a-t-il relevé, notant que certains pays, comme le Niger et le Burkina Faso, redéfinissent leurs stratégies respectives de lutte contre le terrorisme, mettant en place des mécanismes de dialogue et de réconciliation au niveau national et local.