L’Espagne reconnaît la souveraineté du Maroc sur son Sahara

C’est une accélération significative de l’histoire que celle que vient d’effectuer le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à travers son soutien au plan d’autonomie du Maroc comme “la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution » du différend sur le Sahara marocain. Un tournant qui rebat les cartes régionales et transforme les rapports de force dans cette région si sensible à  la moindre secousse politique.

Les Marocains auront tort de bouder leur plaisir. Ce tournant espagnol est presque aussi important, aussi structurant  que la reconnaissance américaine de l’intégrité territoriale du Maroc sur son Sahara. L’Espagne, ancienne puissance coloniale , avait une forme de neutralité négative à l’égard de cette discorde. Elle était une caisse de résonance aux pulsions séparatistes du Polisario et de son parrain l’Algérie, et servait souvent de relais médiatiques et parfois diplomatiques à leurs lubies.

Le dernier épisode Benbattouche, alias Brahim Ghali, chef du  Polisario, hospitalisé clandestinement en Espagne, montrait  à la fois l’ampleur des complicités schizophréniques au sein de la gouvernance espagnole avec la démarche séparatiste mais aussi la zone grise dans laquelle naviguait la diplomatie espagnole. Au risque d’avoir un double discours sur la nécessité d’entretenir des relations de bon voisinage avec le Maroc et de garder la carte du Polisario dans l’arsenal des pressions et des chantages.

Cette dernière prise de positon, qui reconnaît dans le fond comme dans la forme la souveraineté marocaine sur le Sahara, montre le chemin parcouru entre un Etat profond qui nourrissait une sourde hostilité à l’égard du Maroc et cette nouvelle donne diplomatique.

Ce nouveau positionnement espagnol est important car il aura un double impact sur la région. Le premier est d’envoyer un message clair aux autres pays européens encore dans une attitude d’hésitation et de réticence par rapport à cette crise régionale. L’Espagne étant un pays influent et leader dans cette dispute parce que ancienne puissance coloniale et pays frontalier du Maroc, son portail vers l’Europe.

L’autre impact décisif de cette nouvelle attitude espagnole sera sur le parrain algérien du Polisario. Pour Alger le dernier verrou a sauté, la plongeant dans une grande solitude. Aujourd’hui, la position algérienne est devenue intenable, inexplicable sauf à constater aux yeux du monde entier que le régime algérien, pyromane par essence, utilise ouvertement les séparatiste du Polisario comme un instrument de déstabilisation régionale.

Beaucoup a été dit et écrit sur les raisons qui ont poussé les autorités espagnoles à vivre ce grand moment de lucidité stratégique.  Certains ont parlé de l’influence américaine à de multiples niveaux sur les Espagnols. D’autres ont évoqué les conséquences politiques de cette alliance tripartite  scellée récemment  entre le Royaume du Maroc, Israël et les États-Unis. Mais la réalité est tout  autre. Ce tournant espagnol dans l’affaire du Sahara est le fruit d’une diplomatie marocaine performante qui a su formuler avec force, conviction et détermination ses postulats et défendre ses droits.

Le célèbre épisode de tension avec un puissant pays européen comme l’Allemagne qui a fini par se résorber au profit d’une compréhension allemande des intérêts vitaux du Maroc en est la parfaite illustration.

Avec l’Espagne voisine, le langage a été à la fois subtile et très ferme. Ils s’agissait  de demander à Madrid de clarifier ses positions et de sortir de cette zone grise qui autorise toutes les hypocrisies. La fermeté de la diplomatie marocaine doublée d’une main tendue pour le dialogue, régulièrement exprimée dans les discours du Roi Mohammed VI, ont fini par créer une situation espagnole où le pays n’avait d’autres choix qu’entre l’escalade de tensions et de ruptures et le réalisme politique.

La lettre de Pedro Sanchez au Roi Mohammed VI illustre parfaitement cette prise de conscience espagnole a l’égard du voisin marocain. Cette nouvelle réalité est si évidente que le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel Albares  a cru opportun de rappeler que « la stabilité et la prospérité de l’Espagne et du Maroc sont intimement liées ».

Ce soutien espagnol à garantir “la souveraineté et l’intégrité territoriale” du Maroc » est si important qu’il est susceptible de créer d’autres dynamiques capables de changer toute la physionomie politique régionale. Avec cette interrogation essentielle : maintenant que Madrid estime qu’il n’y a pas d’autres destinées pour l’affaire du Sahara que sous souveraineté marocaine, quels leviers la diplomatie espagnole va -elle utiliser pour tenter de convaincre les faucons algériens du Polisario de la nécessité d’accepter le compromis politique  proposé par le Maroc à travers l’option de l’autonomie ?

 

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