Législatives : les Marocains votent dans un climat serein et calme
Dans un climat serein et calme, les Marocains votent ce vendredi 7 octobre pour élire leurs députés dans un scrutin marqué par un duel entre islamistes et modernistes.
(Par envoyés spéciaux)
« Je suis là pour accomplir un devoir national, le vote des citoyens va certainement changer la donne », nous explique un enseignant. « Je vais voter. Je ne vous dirai pas pour qui mais je sais pour qui je ne vais pas voter », nous dira une jeune femme.
Pour le politologue Mohamed Tozy, «Il y a une vraie incertitude sur le résultat de ces élections et sur leurs conséquences, ce qui a rarement été le cas au Maroc. Et finalement, c’est un très bon signe pour la démocratie.»
Le ministère de l’Intérieur s’est engagé à organiser un scrutin "transparent", conformément aux "directives" du souverain.
Le taux de participation aux élections législatives a atteint 10 % à 12h00 au niveau national, selon les informations parvenues des préfectures, provinces et préfectures d’arrondissement du Royaume, indique le Ministère de l’Intérieur. La participation doit culminer après la grande prière de vendredi.
Duel frontal PJD-PAM
Dans les bureaux de vote les opérations s’y déroulaient de façon bien organisée, avec dans chaque salle de classe faisant office de bureau, un isoloir et des observateurs des partis politiques.
Sur les bulletins de vote, des symboles permettent d’identifier chaque parti alors que près d’un tiers de la population est analphabète: un tracteur pour le PAM, une lampe à huile pour le PJD, un chameau, un parapluie, un avion, ou encore un soleil ou un éléphant pour d’autres formations.
Cette journée pas comme les autres au Maroc signe la fin d’une campagne électorale frontale entre les deux principaux, le Parti justice et développement (PJD), et le Parti modernité et authenticité (PAM)).
Les islamistes du PJD, au pouvoir depuis cinq ans, et leur chef de file le Premier ministre Abdelilah Benkirane ont croisé le fer avec le PAM, une formation socio-libérale. Cela sur fond de transparence accrue dans le système électoral. Le ministre de l’Intérieur l’a affirmé à plusieurs reprises : le scrutin sera exempt de fraudes. Pas moins de 4.000 observateurs ont été dépêchés pour veiller au bon déroulement du vote.
Après cinq années aux commandes, le PJD affiche un bilan en demi-teinte. Certes, le déficit public a été réduit de 7 % à 3,2 % mais la croissance (3,2 % en moyenne) est l’une des plus faibles depuis les années 1960. Pour le PAM, son adversaire politique, il s’agit là d’un bilan « catastrophique ». Et ce n’est pas tout : avec le PJD, c’est l’« islamisation rampante » de la société Marocaine, fustige le PAM.
« La ligne idéologique de Benkirane est un danger pour le Maroc », martèle Ilyas El Omari. Son discours trouveun écho dans une opinion publique inquiète face à la menace d’une islamisation rampante de la société.
Sur la trentaine de partis en lice, huit ont une audience véritablement nationale et peuvent espérer obtenir un groupe parlementaire, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui a fait une campagne sur le thème de la "troisième voie", et le parti Istiqlal, parti historique de la lutte pour l’indépendance.
Les principaux leaders politiques avaient déjà voté à la mi-journée. M. El-Omari l’a fait à Rabat, souhaitant à cette occasion que "les Marocains aillent exercer leur droit de vote".
Le Premier ministre Benkirane a lui aussi voté dans la capitale. Il s’est félicité auprès de l’AFP d’une "campagne réussie" et a pronostiqué la "victoire" du PJD.