Le Manifeste de l’indépendance marque un tournant dans la lutte du Maroc pour sa libération (Benjelloun)
Le Manifeste de l’indépendance, présenté le 11 janvier 1944, marque un tournant dans la lutte du Maroc pour sa libération, »dans la mesure où les élites patriotiques, qui étaient jusque-là réformistes, devinrent indépendantes », affirme l’écrivain et historien Abdelmajid Benjelloun.
L’événement majeur après le 11 janvier 1944 fut le discours du Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef à Tanger le 9 avril 1947, a-t-il souligné , ajoutant que »le souverain a recommandé à l’époque, évidemment en secret, aux nationalistes des deux zones nord et sud d’engager la lutte patriotique sur le front étranger ».
Sur le plan stratégique, relève l’historien, la déposition du Sultan le 20 août 1953, marque un autre tournant décisif en ce sens que pour ramener le Souverain de son exil, le peuple a recouru d’abord à la lutte armée, d’abord sous la forme d’attentat ciblés, et plus tard, dès octobre 1955, à la création de l’Armée de libération.
Quant à l’attitude du mouvement nationaliste dans l’ex-Maroc khalifien sous domination espagnole, M. Benjelloun a fait savoir que d’autres opportunités allaient être offertes aux nationalistes dans ce sens. La première fut la Fête du Trône de 1940 où Abdelkhaleq Torrès, a, au nom du comité exécutif du Parti des réformes nationales (PRN), envoyé une lettre de félicitations au Souverain, par laquelle il exprimait également la nécessité impérieuse pour le Maroc d’obtenir son indépendance.
La deuxième occasion, a-t-il poursuivi, prit la forme d’un manifeste revendiquant l’indépendance du pays, remis, le 14 février 1943, aux représentants de certains pays alliés au Maroc, par le PRN et le PUM (Parti de l’unité marocaine de Mekki Naciri), unis en la circonstance.
La troisième occasion fut le fameux manifeste de l’indépendance du 11 janvier 1944. Le 29 février 1944, le PRN adressa une lettre au Sultan Mohammed Ben Youssef à travers laquelle il assurait le Souverain du soutien total à l’initiative du Parti de l’Istiqlal, auteur du Manifeste, explique l’historien.
Pour ce qui est de la réaction du peuple au Manifeste de l’indépendance, M. Benjelloun a souligné que le peuple a soutenu le Manifeste de l’Indépendance, les preuves en sont les manifestations de rue, notamment à Rabat, réprimées dans le sang.