On se croirait dans un mix d’Urgences et des Soprano. Le héros, le docteur Peter Brown, est interne au Manhattan Catholic de New York, hôpital dépotoir où règne le chaos. Sous la blouse, un passé trouble : il a en effet bénéficié d’un programme de protection des témoins grâce à son témoignage contre une famille de la mafia. Dans une autre vie, Peter Brown s’appelait Pietro Brwna, petit-fils de juifs polonais émigrés qui ont fui les nazis pour finir assassinés dans leur pavillon de la banlieue de New York. A 14 ans, Pietro a découvert qu’ils ont été liquidés par des apprentis mafieux lors d’un rite initiatique. Il a voulu les venger, mais est malheureusement devenu ami avec le fils du parrain du coin, Adam Locano, surnommé "Skinflick" (littéralement "film porno" en argot). Peter a retrouvé là une famille, partait même en vacances avec eux, jusqu’au jour où le père lui a demandé de passer à l’action. Et dans l’action, Pietro s’est révélé très doué… Le vengeur raté est devenu "Griffe d’ours", tueur efficace bien que doté d’états d’âme. Mis en prison, il a dénoncé la famille en échange d’une protection. Mais la mafia n’oublie jamais, et les blouses sont si fines.
Josh Bazell (photo) a construit un polar à base d’humour noir et d’explications techniques sur les opérations chirurgicales. On y apprend comment réussir un meurtre de sang-froid, on révise l’histoire de l’immigration sicilienne, les répliques fusent dans des dialogues calibrés comme un 45 Magnum et l’action pétarade à chaque coin de page. Avec en moment culminant une scène surréaliste dans l’aquarium des requins de Coney Island. On comprend pourquoi Leonardo DiCaprio a été séduit, au point d’incarner bientôt le héros au cinéma.
Docteur à tuer, de Josh Bazell. Traduit de l’anglais par Denyse Beaulieu (JC Lattès, 304 p., 20 euros).