Le club de la presse au Maroc dénonce l »’ingérence dans le fonctionnement et la gestion du Conseil National de la Presse »
»Le projet de loi relatif à la création d’une commission provisoire pour la gestion des affaires du secteur de la presse et de l’édition que le gouvernement envisage de soumettre au parlement pour discussion est un texte de loi étrange en déphasage avec le système juridique national et qui plus est, hors-sujet sur le fond et la forme », relève l’association dans un communiqué parvenu à la MAP, avant d’ajouter que »ce projet de loi nuit gravement à l’image du pays dans le domaine des droits de l’homme à l’intérieur comme à l’extérieur puisqu’il permet au gouvernement d’interférer directement dans la gestion d’un organisme d’autorégulation indépendant. Et il est aussi en déphasage avec l’article 28 de la constitution qui incite les pouvoirs publiques à promouvoir l’autorégulation, ce qui le rend inconstitutionnel et également dépourvu de légitimité juridique étant contraire à la loi régissant le Conseil ».
»Faisant fi des aux mœurs démocratiques, le gouvernement a délégué à cette commission provisoire les prérogatives des cinq comités composant le Conseil tout en excluant sans motif apparent deux autres comités dans cette démarche », déplore le club de la presse du Maroc qui tout en dénonçant »cette ingérence anticonstitutionnelle dans le fonctionnement et la gestion du CNP », assure »soutenir les organisations syndicales et les associations professionnelles et adhérer à leur position qui promeut une gestion démocratique du Conseil et appelle à l’organisation des élections dans les brefs délais, seule solution possible pour sortir de cette impasse ».
Le Club fustige également »l’ingérence du gouvernement dans la gestion du Conseil, les nominations de complaisance et l’exclusion punitive de personnes pour leurs positions, ce qui représente une prise de position politique claire dans une organisation professionnelle publique, indépendante et financée par l’argent public, outre le fait qu’elle représente l’un des piliers de la démocratie à savoir une presse libre et honnête. En somme, un signal négatif envoyé à tous ».
»Il est donc temps de mettre un coup d’arrêt aux tâtonnements du gouvernement qui depuis septembre dernier multiplie les erreurs face à un problème soluble à commencer par la prolongation du mandat du CNP, ensuite le soutien d’un projet de loi en faveur de la nomination et aujourd’hui avec l’adoption d’un projet de loi qui maintient dans leurs fonctions des responsables rejetés par la majorité des journalistes comme si le Maroc est incapable de renouveler ses élites dans ce domaine », souligne-t-on de même source.
Tout en notant que la presse nationale toute entière défend le processus démocratique dans le pays et ne peut en aucun cas être victime de certaines complicités privant les journalistes de leur droit de choisir leurs représentants au CNP, le Club de la Presse du Maroc appelle les parlementaires »à geler ce projet d’autant qu’ils connaissent bien les positions et orientations exprimées publiquement et officiellement par les journalistes lors d’une journée d’étude sur le thème »Médias et société » organisées les 21 et 22 décembre dernier par la Chambre des représentants sous la présidence de son président Rachid Talbi Alami et en présence du ministre de la jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, les présidents des groupes parlementaires ainsi que des acteurs institutionnels et des professionnels dans le domaine de la presse.
Pour dépasser cette situation anormale, le CPM appelle à »un retour vers les organisations professionnelles, au respect de la constitution et de la loi et aussi à faire montre de sérieux dans le traitement des questions professionnelles concernant la presse et les journalistes », insistant sur »l’application de l’article 54 de la loi régissant le CNP et la convocation d’une commission chargée de superviser les élections sous la présidence d’un magistrat ».
Le Club de la Presse du Maroc conclut en notant que »le Conseil National de la Presse a perdu depuis le 5 avril courant sa légitimité et toute existence juridique en tant qu’organisation professionnelle, se trouvant aujourd’hui en contradiction avec la loi relative à sa création, et ce, en raison du non-renouvellement de ses structures et de la non-élection de ses responsables et aussi à cause de l’expiration des six mois de prolongation exceptionnelle de son mandat ».