Le changement climatique aura un impact majeur sur les disponibilités en eau pour l’agriculture (FAO)
Il s’agit notamment de la réduction du débit des rivières et du rechargement en eau des aquifères en région Méditerranéenne et dans les zones semi-arides des Amériques, d’Australie et d’Afrique australe, régions qui souffrent déjà de stress hydrique, relève le rapport publié à Rome où se trouve le siège de l’organisation.
Intitulé "Changement climatique, eau et sécurité alimentaire", ce rapport est basé sur une étude exhaustive des connaissances scientifiques actuelles sur les conséquences annoncées du changement climatique sur l’utilisation de l’eau dans l’agriculture, précise la FAO.
En Asie, même les vastes zones de terres irriguées, qui tablent sur les glaciers de haute montagne et sur la fonte des neiges pour leur approvisionnement en eau, seront touchées par ce phénomène, ajoute le rapport. Les deltas densément peuplés seront exposés à un cocktail de risques: réduction des flux d’eau, augmentation de la salinité, montée du niveau des mers.
L’organisation prévoit également une accélération du cycle hydrologique de la planète car la hausse des températures augmentera les taux d’évaporation à partir des sols et des mers.
Les précipitations augmenteront sous les tropiques et les latitudes plus élevées, mais elles diminueront sous les latitudes semi-arides déjà sèches et à l’intérieur des grands continents.
Même si les estimations relatives au rechargement des eaux souterraines ne peut être faite avec certitude, la fréquence croissante des sécheresses devrait encourager les décideurs à développer les eaux souterraines disponibles et ce, afin d’atténuer les risques susceptibles d’affecter la production des agriculteurs, estime le rapport.
L’augmentation des températures devrait allonger la saison de croissance dans les zones tempérées de l’hémisphère nord, mais elle la réduirait presque partout ailleurs.
Alliée à des taux plus élevés d’évapotranspiration, cette augmentation des températures entraînerait une régression à la fois du potentiel de rendement en eau et de la productivité des cultures.
"Les moyens de subsistance des communautés rurales ainsi que la sécurité alimentaire des populations urbaines sont à risque", a mis en garde pour sa part Alexander Mueller, Directeur général adjoint de la FAO pour les ressources naturelles.
"Mais les ruraux pauvres, qui sont les plus vulnérables, seraient touchés de façon disproportionnée", a-t-il dit
Devant tous ces risques qui menacent la sécurité alimentaire mondiale, le rapport de la FAO se penche aussi sur les actions qui peuvent être entreprises par les décideurs nationaux, les autorités régionales et locales des bassins versants et par les agriculteurs en vue de répondre à ces nouveaux défis.
Une attention particulière doit ainsi être portée à l’amélioration de la capacité des pays à mettre en oeuvre des systèmes efficaces de "comptabilité de l’eau".
Il s’agit de mesurer de manière rigoureuse l’approvisionnement en eau, les transferts et les transactions, afin d’éclairer les décideurs sur la façon dont les ressources en eau peuvent être gérées et utilisées dans un environnement de variabilité croissante, indique la même source.
"Dans la plupart des pays en développement, la comptabilité de l’eau est très limitée, et les procédures d’attribution sont inexistantes, ad hoc, ou mal développées", relève le rapport.
"Aider les pays en développement à acquérir de bonnes pratiques de comptabilité de l’eau et à développer des systèmes robustes et flexibles d’attribution de l’eau sera la première priorité", recommande-t-il.