"Nous observons les prémices d’un genre de nettoyage ethnique", a-t-il dit à la presse à l’issue d’un conseil des ministres.
"Nous voyons qu’un travail a été entrepris sur la base d’une formule consistant à faire venir d’autres éléments et à regrouper des cantons", a-t-il ajouté, mettant en cause l’EI et les Unités de protection du peuple (YPG), aile militaire du Parti kurde de l’union démocratique (PYD).
Ankara voit d’un mauvais oeil les gains enregistrés par les forces kurdes dans le nord de la Syrie et dénonce les liens des YPG avec les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui opèrent sur le territoire turc.
L’EI "attaque et tue ceux qu’il capture. Le PYD/PKK s’empare de certaines régions et contraint les gens à migrer (…) Que ce soit Daech ou le PYD, ils persécutent tous les civils", a renchéri mardi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, interrogé par la télévision publique.
Le président Tayyip Erdogan a accusé jeudi dernier les Occidentaux de bombarder les Arabes et les Turkmènes en Syrie dans le but de soutenir des groupes "terroristes" kurdes, qui prendraient leur place.
Les YPG et d’autres groupes rebelles syriens ont annoncé lundi la prise de Tel Abyad, ville tenue jusqu’ici par l’Etat islamique, ce qui permet désormais aux Kurdes de Syrie de contrôler 400 km de frontière avec la Turquie.
Les combats entre peshmergas et djihadistes ont poussé ces derniers jours plus de 23.000 civils syriens à passer en Turquie, selon le Haut Commissariat de l’Onu aux réfugiés (HCR), qui cite les autorités turques.
"La plupart des nouveaux venus sont des Syriens fuyant les combats entre groupes militaires rivaux dans et autour de la ville frontalière stratégique de Tel Abyad, (…) qui fait face à Akçakale" coté turc, a déclaré mardi un porte-parole de l’organisation à Genève.
Selon un photographe de Reuters présent à Akçakale, la zone frontalière était calme mardi et des Syriens s’apprêtaient à regagner leur pays, maintenant que les combattants de l’EI ont fuit le secteur.
Dans un rapport publié lundi, Amnesty International s’indigne quant à elle de la façon dont la communauté internationale traite les réfugiés syriens et fustige son incapacité à répondre financièrement à leurs besoins humanitaires.