La Chine, le Japon et la Corée ont convenu, lundi à Séoul au terme de leur premier sommet depuis quatre ans, de relancer le processus de négociation sur un accord de libre-échange (ALE) tripartite, au point mort depuis 2019.
Réunis dans la capitale coréenne, le premier ministre chinois, Li Qiang, le président coréen, Yoon Suk Yeol, et le premier ministre japonais, Fumio Kishida, ont examiné les moyens de renforcer la coopération entre les trois pays dans un contexte d’incertitudes économiques et de rivalités géostratégiques. Dans un communiqué conjoint rendu public a l’issue de leurs travaux, les dirigeants des trois pays ont également convenu d’institutionaliser leur coopération notamment à travers la tenue régulière des sommets et des conférences tripartites.
S’agissant de l’ALE contemplé par les trois pays, Beijing, Tokyo et Séoul entendent poursuivre les négociations, entamées en 2012 dans le but de parvenir à un accord « libre, équitable, global, de haute qualité et mutuellement avantageux ».
Les appels à la relance des négociations sur cet accord interviennent dans le sillage du ralentissement notamment de l’économie chinoise, deuxième au monde. Habituée à des taux de croissance économique élevés durant la dernière décennie, la Chine n’a pas pu faire mieux que 5,2% de croissance en 2023. L’Usine du Monde s’attend à une croissance de 5% de son Produit Intérieur Brut en 2024. Les trois pays avaient tenu 16 rounds de négociation avant la suspension des pourparlers en 2019 en raison de la pandémie du Covid-19 et surtout à cause des frictions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, allié principal du Japon et de la Corée.
La Chine a saisi l’occasion du sommet pour appeler ces deux voisins d’Asie du Nord-Est à reprendre une coopération globale et rejeter « le protectionnisme » et les tentatives de « découplage » et celles visant à « interrompre les chaines d’approvisionnement. Ces questions sont au cœur de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis. Par ailleurs, les questions sécuritaires, en particulier le programme nucléaire nord-coréen, même si elles ne figuraient pas à l’ordre du jour officiel du sommet, ont jeté leur ombre sur le conclave. Lundi, Pyongyang a informé le Japon de son intention de lancer un satellite militaire avant le 4 juin. L’annonce a été condamnée par Séoul et Tokyo. S’exprimant sur cette question, le premier ministre chinois a appelé à la retenue et à éviter l’escalade de la situation dans la péninsule coréenne. « La Chine s’est toujours engagée en faveur du maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne, et encourage le processus de règlement politique de la question », a dit M. Li.
En dépit des tensions, la Chine demeure le premier partenaire commercial du Japon et de la Corée. En 2023, les échanges commerciaux entre les trois pays ont totalisé 706,82 milliards de dollars. Ce montant demeure, toutefois, inférieur à celui généré par le commerce de la Chine avec les pays de l’association des pays d’Asie du Sud-Est (ASEAN : Indonésie, Singapour, Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie), qui a totalisé 911,72 milliards de dollars durant la même année.