L’accord a été formellement entériné lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept. Les mesures décidées comprennent un embargo immédiat sur les nouveaux contrats portant sur le brut et les produits pétroliers iraniens. Les contrats déjà existants sont maintenus jusqu’au 1er juillet prochain. L’UE a également décidé de geler les avoirs de la banque centrale iranienne, afin d’assècher le financement du programme nucléaire de Téhéran.
Le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron demandent "instamment aux dirigeants iraniens de suspendre immédiatement leurs activités nucléaires sensibles et de se conformer totalement à leurs obligations internationales", dans une déclaration conjointe rendue publique lundi.
"La porte est ouverte si l’Iran accepte de s’engager sérieusement dans des négociations de fond sur son programme nucléaire. Tant que l’Iran ne sera pas revenu à la table des négociations, nous resterons unis pour appliquer des mesures fortes qui compromettent la capacité du régime à financer son programme nucléaire et qui montrent ce qu’il en coûte d’emprunter une voie qui menace notre paix et notre sécurité à tous", écrivent-ils.
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a expliqué que cet embargo s’inscrit dans le cadre d’une "série de sanctions sans précédent". Elles montrent "la détermination de l’Union européenne sur cette question", a-t-il ajouté.
"La pression des sanctions vise à s’assurer que l’Iran prenne au sérieux notre demande de venir autour de la table", avait auparavant expliqué la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui se rendait à Bruxelles.
Mme Ashton a précisé avoir adressé en octobre dernier une lettre au principal négociateur chargé du nucléaire iranien, Saïd Jalili, pour lui indiquer que son objectif était une solution négociée "rétablissant la confiance internationale dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien".
Mais les autorités iraniennes n’ont jamais répondu, a déploré la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Les pays occidentaux soupçonnent l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, ce que dément Téhéran. L’Iran affirme qu’il s’agit d’un programme uniquement civil, destiné à produire de l’électricité et des radioisotopes à usage médical.
"Le récent début des opérations d’enrichissement d’uranium à 20% dans le complexe souterrain de Fordo près de Qom aggrave encore les inquiétudes concernant les possibles dimensions militaires du programme nucléaire iranien", ont noté les ministres de l’UE dans un communiqué.
D’après des diplomates européens, l’UE s’est efforcée de s’assurer que les sanctions affectent uniquement l’Iran, et non pas la Grèce, un des principaux importateurs en Europe de pétrole iranien. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE sont donc convenus de réexaminer dans les prochains mois les effets des sanctions. "Il est important de savoir ce qui se passera individuellement pour les pays s’agissant des conséquences des sanctions", a noté Mme Ashton.
Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a lui souligné la nécessité d’agir. "Ce n’est pas une question de sécurité dans la région. C’est une question de sécurité dans le monde", a-t-il dit.
L’Iran a réagi par la voix du député Mohammad Ismail Kowsari, directeur adjoint du comité sur la sécurité nationale. Il a réitéré les menaces de Téhéran de fermer le détroit d’Ormuz, où transite environ un tiers du trafic maritime pétrolier mondial. L’Iran est le deuxième pays producteur de l’OPEP, avec environ quatre millions de barils/jour, et le pétrole représente une part importante de ses revenus.
Le détroit d’Ormuz, dont la largeur ne dépasse pas une cinquantaine de kilomètres, voit passer quotidiennement des tankers géants acheminant du pétrole en provenance de Bahrein, d’Iran, du Koweït, du Qatar, d’Arabie Saoudite où des Emirats arabes unis. Selon des chiffres du Département américain de l’énergie, environ 33% du pétrole transporté par voie maritime a transité par ce détroit en 2009.