Le ministre égyptien des Finances avait déclaré la semaine dernière que le gouvernement discuterait avec le FMI de la possibilité d’un prêt plus important que prévu initialement pour faire face à la détérioration de la situation économique de l’Egypte pendant les 18 mois d’instabilité qui ont suivi la chute du président Hosni Moubarak en février 2011.
Le précédent gouvernement intérimaire, nommé par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir jusqu’à la prise de fonctions du président islamiste Mohamed Morsi le mois dernier, prévoyait d’emprunter 3,2 milliards de dollars.
La présence de Christine Lagarde au Caire, sollicitée par l’Egypte elle-même, pourrait illustrer la volonté des deux parties en présence de sceller un accord attendu de longue date, après l’entrée en fonction du gouvernement nommé par Mohamed Morsi.
"Nous avons officiellement demandé un prêt de 4,8 milliards de dollars au FMI et les discussions sur cette demande sont en cours", a déclaré à Reuters Yasser Ali, porte-parole du président, pendant un entretien entre ce dernier et Christine Lagarde.
Les gouvernements qui se sont succédés au Caire depuis la chute du régime d’Hosni Moubarak ont tous discuté avec le FMI en vue d’obtenir des financements d’urgence, sans qu’aucun accord ne soit signé.
Lors de ces discussions, des membres du CSFA avaient exprimé leurs réticences envers un alourdissement de la dette du pays sans un "soutien politique élargi", tandis que les Frères musulmans, mouvement islamiste dont est issu le président Morsi et qui a remporté près de la moitié des sièges au parlement, avaient réclamé des précisions sur la façon dont cet argent serait employé.
La situation budgétaire et la balance des paiements du pays ont continué de se détériorer dans l’intervalle, tandis que le désengagement de nombreux investisseurs étrangers contraignait les banques locales à assurer la majeure partie du financement des dépenses publiques.
Au cours de l’année budgétaire qui s’est achevée en juin, le gouvernement a également eu recours à des emprunts de près de 12 milliards de dollars (4,5% du PIB) auprès de la banque centrale, mesure inhabituelle qui a témoigné de ses difficultés à financer son déficit budgétaire.
Selon les données gouvernementales, le déficit 2012-2013 devrait s’élever à 7,9% du produit intérieur brut, contre 8,2% l’an dernier. Mais les économistes s’attendent à ce que la croissance soit bien moins forte que les 4-4,5% prévus par le gouvernement.
Les réserves de change, elles, ont fondu de moitié environ depuis le début 2011 et la crainte d’une importante dévaluation de la livre égyptienne contribue à dissuader les investisseurs internationaux de revenir sur le marché local.
"L’objectif est d’améliorer la stabilité, de rétablir la confiance dans le but d’inciter les investisseurs à investir et à créer des emplois, d’alléger le fardeau financier résultant de coûts de financement très élevés", a résumé Christine Lagarde.