L’aspirine, nouvel espoir contre le cancer

La consommation quotidienne de ce médicament pourrait être conseillée… s’il n’y avait pas autant d’effets secondaires.

Pour beaucoup de monde et depuis longtemps, l’aspirine est une panacée. Car ce médicament, qui combat efficacement douleurs et fièvre (à forte dose), a un effet préventif contre les maladies cardiovasculaires (à très faible dose). Qui plus est, il pourrait aussi (à dose moyenne) non seulement prévenir un grand nombre de cancers fréquents, mais aussi ralentir leur évolution et le risque de développer des métastases. Une panacée dont l’usage doit toutefois être modéré en raison de la gravité potentielle de ses effets secondaires.

Trois articles très récemment publiés – deux dans le Lancet et un dans le Lancet Oncology – provenant de l’équipe du Pr Peter Rothwell de l’hôpital universitaire John Radcliffe à Oxford, viennent conforter des travaux antérieurs sur le rôle protecteur de l’aspirine contre le cancer (notamment les tumeurs colorectales). Ces mêmes spécialistes avaient déjà démontré que la prise quotidienne d’aspirine réduisait le risque à long terme de décès par cancer. Mais les effets à court terme étaient moins certains, en particulier pour les femmes, et le rapport bénéfices/risques était mal évalué.

Trois études

Pour commencer, il faut savoir que toutes ces découvertes ont été réalisées en analysant les résultats d’études destinées à confirmer les effets de l’aspirine sur la prévention des problèmes cardiovasculaires. Ce qui a été le cas. Mais en plus, la première publication – qui a porté sur une cinquantaine d’essais contrôlés (et sur plus de 77 500 patients) – a montré qu’une faible dose quotidienne de ce traitement entraînait une baisse d’environ 20 % du développement des cancers à partir de trois ans de traitement, chez les hommes comme chez les femmes. La réduction atteint même 37 % avec une prise d’aspirine pendant cinq ans ou plus.

Le second travail porte sur les métastases, grâce aux données provenant de cinq essais menés au Royaume-Uni avec 75 mg d’aspirine ou plus par jour, toujours en prévention des événements vasculaires. Avec un suivi moyen de 6,5 ans, les patients qui prenaient de l’aspirine avaient un risque réduit de 36 % de voir apparaître des métastases, le taux étant de 46 % pour les adénocarcinomes (cancers du poumon, du côlon et de la prostate) et de 18 % pour les autres tumeurs solides (de la vessie et du rein). Selon les chercheurs, ce médicament réduit le risque d’adénocarcinome avec métastases au moment du diagnostic de 31 %, le risque de métastases par la suite de 55 %, et en particulier pour les cancers colorectaux (baisse de 74 %). Qui plus est, ces effets positifs sont indépendants de l’âge et du sexe des malades.

Quant à la troisième étude, publiée dans le Lancet Oncology, elle a également porté sur les métastases, mais à partir d’une autre méthode, comparant des essais. Là encore, les auteurs ont trouvé une réduction du risque de cancer colorectal d’environ 40 %, ainsi que de ceux de l’oesophage, de l’estomac, des voies biliaires et du sein, dans les mêmes proportions. Malheureusement, les effets secondaires de l’aspirine – notamment le risque d’hémorragie digestive – limitent fortement son emploi. Mais de tels résultats, même s’ils sont issus d’études de prévention cardiovasculaire, vont évidemment relancer les recherches pour améliorer cette molécule découverte il y a plus de 120 ans et définir le type de personnes vraiment susceptibles d’en bénéficier.

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