Ibrahim Boubacara Keita officiellement investi président de la république du Mali
Ibrahim Boubacar Keita, 68 ans, a été officiellement investi mercredi comme quatrième président de la république du Mali après avoir prêté serment devant des juges de la Cour constitutionnelle à Bamako. L’investiture de M. Keita, surnommé IBK, devra marquer la fin de la transition politique au Mali et le retour à l’ordre constitutionnel interrompu par un coup d’Etat ayant conduit, le 22 mars 2012, au renversement du président Amadou Toumani Touré.
"Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national", a déclaré M. Keïta au cours d’une cérémonie solennelle dans la capitale malienne.
Il s’exprimait en présence de Dioncounda Traoré, qui a dirigé le pays pendant une période de transition de 17 mois marquée par de nombreux soubresauts politico-militaires et plus de 1.000 personnes, incluant des responsables politiques et militaires maliens et des diplomates accrédités au Mali.
Le nouveau président malien devra se préparer à répondre aux immenses attentes de ses compatriotes, dont la moitié vit sous le seuil de la pauvreté dans un pays traumatisé par un an et demi de crise politique et militaire et dont l’économie est à genoux.
Cette crise avait débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg et de groupes jihadistes armés liés à Al-Qaïda pour l’occupation du nord du pays, avant d’en être chassés par une intervention militaire franco-africaine, en appui à l’armée malienne.
Le premier défi du président Keita sera donc de favoriser la réconciliation nationale et de rétablir une paix durable dans le nord du pays à travers des discussions avec les mouvements rebelles, conformément aux accords de Ouagadougou signés le 18 juin entre le gouvernement de transition, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l´unité de l’Azawad (HCUA).
Ces accords stipulent qu’"à l’issue de l’élection présidentielle et soixante jours après sa mise en place, le nouveau gouvernement du Mali entamera des pourparlers de paix avec toutes les communautés du Nord".
Les discussions avec les rebelles devraient surtout porter sur trois questions, à savoir le statut des régions du Nord, l’intégration des rebelles dans les forces armées maliennes et l’annulation des poursuites judiciaires émises en début d’année à l’endroit de plusieurs leaders des groupes armés au nord.
L’autre grande mission du nouveau président sera la poursuite de la réforme de l’armée, lancée depuis plusieurs mois avec l’appui de l’Union européenne, alors qu’une mission onusienne de 12.000 Casques bleus est déjà déployée dans le pays pour assurer la stabilisation du nord et des institutions de l’Etat.
Le nouveau chef de l’Etat doit également veiller à la bonne gestion des trois milliards d’euros promis par les pays donateurs lors de la conférence de Bruxelles en vue d’aider le Mali à faire face à la crise qui a engendré "une contraction de l’activité économique ayant conduit le pays à une récession" en 2012 avec un taux de croissance de -1,2 pc contre +4,3 pc en 2011, tandis que les ressources de l’Etat ont diminué de 30 pc et les dépenses globales de 33 pc".
Le déficit de la balance des paiements s’est élevé, quant à lui, à 75 millions d’euros en 2012 et le taux d’inflation est passé de 3,5 pc à 5,3 pc, entraînant une baisse du pouvoir d’achat, déjà bas au Mali.
Le Mali, pays essentiellement agricole (coton, bétail sur pied et cultures vivrières), figure parmi les pays les moins avancés de la planète, classé 182ème sur 187 sur l’indice de développement humain établi par les organisations internationales en 2012.
L’autre mission de taille qui attend le prochain président malien concerne l’organisation des élections législatives d’octobre prochain, le redressement des institutions de l’Etat, la lutte contre la corruption et la garantie de la transparence dans la gestion des finances publiques et des aides fournies par les bailleurs de fonds qui contribuent à plus de 60 pc au budget de l’Etat.