Hamas et le chaos sélectif de Khaled Michaal ciblant le Maroc

En Europe comme dans les pays arabes, la grande angoisse politique est de devoir importer les conséquences de la sanglante guerre que livre Israël contre la bande de Gaza après l’attaque d’une ampleur inédite du Hamas le 7 octobre dernier. Cette situation est de nature à provoquer des crises politiques et des tensions sociales. Avec la récente harangue du chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, à destination des Marocains, la volonté d’allumer le feu de la contestation et de semer la stratégie du chaos est manifeste.

Dans une adresse inédite au peuple marocain via une vidéo partagée sur X (ancien Twitter), Khaled Mechaal l’invite ouvertement à contester les choix politiques de son leadership, et à exiger l’arrêt de toute relation avec l’Etat hébreu. Le ton directif, autoritaire utilisé par Mechaal a pris des allures d’invitation insurrectionnelle à destination des Marocains. Cette posture était tellement inappropriée qu’elle a fait l’objet de nombreux commentaires dans les réseaux sociaux de la part d’influenceurs marocains qui dénient à Mechaal le droit de s’adresser ainsi directement au peuple marocain. Le dernier exemple qui avait suscité pareille ire fut quand le président Emmanuel Macron avait fait le même choix contestable dans le sillage du tremblement de terre qui avait frappé la région d’Al Haouz.

D’autres accusent ouvertement Khaled Mechaal de vouloir exploiter cette guerre israélienne contre Gaza pour faire avancer un agenda politique, notamment celui du parrain iranien et de ses satellites dans la région comme le régime militaire algérien. Le chef de la branche politique du Hamas Khaled Mechaal, dont la résidence à Doha suscite interrogations et quolibets, reste étrangement silencieux à l’encontre de deux pays dont les relations avec Israël sont notoirement connues.

D’abord son pays de résidence, le Qatar qui abrite une de plus grandes bases militaires américaines ne fait l’objet d’aucune critique de la part du Hamas. Le Qatar participe depuis des années au financement, à coups de valises de dollars transportées par un pont aérien entre Doha et Tel Aviv, au financement de l’administration du Hamas à Gaza. Ensuite la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan, le parrain politique du Hamas, qui entretient des relations puissantes, diplomatiques, économiques et militaires, avec Israël. S’il est vrai qu’Erdoğan a adressé des critiques médiatiques à l’encontre du Premier ministre Benjamin Nethanyahou pour apaiser sa base, il s’est en revanche bien gardé de rappeler son ambassadeur, encore moins d’envisager de couper les relations diplomatiques entre la Turquie et l’Etat hébreu.

Ces freins politiques que s’impose naturellement le chef du Hamas khaled Mechaal dans sa politique avec les pays amis qui entretiennent des relations avec Israël renseignent d’un nouveau jour sa fixation sur le Maroc, sa dénonciation des accords d’Abraham et son invitation aux Marocains de s’y opposer au risque de semer la zizanie et les tensions dans le pays, et de mettre à mal la relation séculaire et sans pareille entre musulmans et juifs marocains.

En lançant une telle charge contre le Maroc, en tentant ouvertement de provoquer schismes et tensions autour de la cause palestinienne dont le Roi Mohammed VI est l’un des plus grands défenseurs, Khaled Mechaal a suscité une énorme colère au Maroc sur deux niveaux d’analyse.

Le premier est adressé au parti politique marocain qui a organisé cette activité et permis cette parole. Khaled Mechaal parlait en marge d’une manifestation organisée par le Mouvement Unicité et Réforme (MUR), proche du PJD. Ce parti, dont l’ancien Premier ministre de l’époque Saad Eddine El Othmani était signataire des accords d’Abraham, n’a jamais accepté sa défaite électorale cuisante et son départ des lustres du pouvoir et tente manifestement de se refaire une virginité politique profitant des bombardements massifs d’Israël contre la bande de Gaza et ses milliers de victimes civiles palestiniennes. Les larmes de vieux crocodile de la politique marocaine versées par Abdelilah Benkirane en sont la démonstration spectaculaire.

Le second est d’ampleur régionale. En s’attaquant au Maroc avec cette violence et en voulant y animer les flammes de la discorde, Khaled Mechaal se met sans aucun doute au service d’un agenda politique conçu par le régime iranien qui voit, bien avant les événements du 7 octobre, tout rapprochement d’un pays arabe aves Israël, comme une menace pour ses intérêts vitaux.

Le Maroc qui a été un des premiers pays à se mobiliser pour défendre les palestiniens de Gaza, tenter d’obtenir un cessez le feu immédiat et de lui faire parvenir les aides humanitaires en urgence, refuse que ses choix diplomatiques lui soient dictés par le chef du mouvement islamiste palestinien, loin de faire l’unanimité au sein même de la scène politique palestinienne et qui est notoirement connu pour être un instrument politique de l’influence iranienne dans cette région  du Proche-Orient au même titre que le Hezbollah libanais.

 

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