La semaine dernière, le gouvernement mexicain avait annoncé qu’à partir du 20 avril, les Péruviens souhaitant visiter le Mexique devront solliciter un visa.
Le Mexique a justifié cette mesure inhabituelle en Amérique latine par l’augmentation substantielle du nombre des Péruviens entrant sur son territoire qui avaient des incohérences dans leur documentation et qui ne semblaient pas être des touristes.
L’ambassade du Mexique à Lima a indiqué qu’il s’agit d’une «mesure temporaire » face à une explosion des arrivées de migrants à partir du Pérou et qui souhaitent se rendre clandestinement aux Etats Unis, ajoutant que si la migration irrégulière des Péruviens se réduit à l’avenir, l’exigence de visa « pourrait être suspendue immédiatement ».
En réponse à la décision des autorités mexicaines, le gouvernement péruvien a annoncé le week-end dernier qu’il exigerait des visas aux citoyens mexicains désireux d’accéder au territoire péruvien.
« Face à l’annonce unilatérale du gouvernement du Mexique d’imposer un visa temporaire aux citoyens péruviens qui décident de visiter le pays, et en application du principe de réciprocité, règle fondamentale dans les relations entre États souverains, le gouvernement du Pérou imposera le visa aux citoyens mexicains qui visitent notre pays », a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le communiqué péruvien a regretté la décision du Mexique, estimant qu’elle « sape les efforts visant à améliorer les relations bilatérales et affecte les engagements assumés au sein de l’Alliance du Pacifique pour faciliter la libre circulation des personnes entre les deux pays ».
Au Congrès péruvien, des voix se sont immédiatement élevées pour demander au gouvernement de réévaluer cette décision qui risque d’affecter sérieusement le secteur du tourisme, à cause du nombre important des touristes mexicains qui représentent le quatrième contingent des nationalités qui visitent le Pérou.
Le président de la Commission des Relations Extérieures au Congrès péruvien, Alejandro Aguinaga, a estimé que la décision du ministère des Affaires étrangères est une « erreur » qui affectera l’économie du pays.
Lundi dernier, le ministre péruvien des Affaires étrangères, Javier González-Olaechea, a levé le voile sur les probables raisons de la décision du Mexique. « Je n’exclus pas » qu’elle soit attribuée aux mauvaises relations diplomatiques entre les deux pays membres de l’Alliance du Pacifique.
« Nous avons mesuré les répercussions internes (de la décision), car cela affecte évidemment en premier lieu l’Alliance du Pacifique elle-même, que forment le Pérou avec le Mexique, la Colombie et le Chili et qui établit clairement comme principe la circulation des personnes et des biens », a ajouté le ministre.
Déjà en 2023, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, avait refusé de transmettre la présidence tournante de l’Alliance du Pacifique à son homologue péruvienne, Dina Boluarte, qu’il a qualifiée « d’usurpatrice » de la présidence après avoir succédé à Pedro Castillo, arrêté pour « complot » et incarcéré depuis décembre 2022.