G20: nouveau coup dur pour Ryad après une résolution européenne

L’Arabie saoudite a subi un nouveau coup dur avec la résolution du Parlement européen demandant d’abaisser le degré de représentation au sommet du G20 à Ryad les 21 et 22 novembre en raison des « violations des droits humains » dans le royaume.

Les autorités saoudiennes, qui entendaient utiliser cette tribune pour mettre les projecteurs sur les tentatives du prince héritier Mohammed ben Salmane de moderniser le pays ultraconservateur, avaient déjà été contraintes de tenir le sommet de façon virtuelle en raison de la pandémie de Covid-19.

La résolution du Parlement européen a été adoptée jeudi, quelques jours après le 2e anniversaire de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018, dans le consulat de son pays à Istanbul, qui avait fortement entaché la réputation du riche royaume du Golfe.

Le prince héritier saoudien avait été accusé par des responsables turcs et américains d’être le commanditaire de l’assassinat de ce critique du régime. Ryad a affirmé que le meurtre avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls.

Dans son communiqué, le Parlement européen a appelé l’UE et ses Etats membres à baisser leur niveau de représentation au sommet des dirigeants des principaux pays riches et émergents de façon à « éviter de légitimer l’impunité pour les violations des droits humains ainsi que les constantes détentions illégales et arbitraires en Arabie saoudite ».

 

 « Message fort »

 

Pour une source au Parlement européen, la résolution envoie un « message politique fort ».

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel doivent en principe assister au sommet. S’ils tiennent compte de la résolution, ils n’y participeront pas.

Pour accentuer la pression, des membres du Parlement européen ont organisé une campagne interne de signatures appelant à « baisser le degré de la participation de l’UE », selon un document lu par l’AFP.

L’Arabie saoudite a un « lourd passif de musellement des voix (…) et il serait inapproprié qu’elle organise le sommet du G20 », écrivent-ils dans un document adressé aux deux dirigeants européens.

Selon eux, il ne faudrait pas donner « une légitimité à un gouvernement qui commet des violations flagrantes des droits humains en lui permettant d’accueillir l’un des plus importants sommets au monde ».

Les autorités du royaume, premier pays arabe à accueillir le G20, n’ont pas réagi dans l’immédiat aux initiatives européennes.

En tant que membre du G20, l’UE a un rôle économique très important au sommet avec trois Etats qui en font partie: l’Allemagne, la France et l’Italie.

Une sous-représentation au sommet mettrait dans l’embarras le royaume alors qu’il organise « le plus important évènement pour la diplomatie saoudienne », estime Yasmine Farouk, de la Fondation Carnegie pour la paix internationale.

Déjà, des maires de grandes villes comme New York et Paris ont boycotté une conférence virtuelle liée au G20 organisée récemment par Ryad pour des raisons liées aux droits humains.

 

 « Sort terrible »

 

La crise sanitaire a entraîné la tenue virtuelle du sommet, et le prince héritier ne sera pas en mesure de présenter sur place les projets de réformes de son pays.

« L’impact symbolique est sapé lorsque les Saoudiens ne peuvent jouer le rôle d’hôtes magnanimes », indique à l’AFP Kristin Diwan de l’Institut des Etats arabes du Golfe, à Washington.

Et « un boycott ou un abaissement (du degré de représentation) ramenant la question des droits humains au premier plan constituerait un coup supplémentaire », selon elle.

Les inquiétudes soulevées à ce sujet par le Parlement européen comprennent le « sort terrible » de migrants éthiopiens détenus dans des prisons saoudiennes et l’incarcération d’une militante de la cause des femmes, Loujain al-Hathloul, ou celle du blogueur Raif Badawi.

Est dénoncé aussi la détention « arbitraire » de plusieurs membres de la famille royale, dont le prince Salmane ben Abdelaziz et la princesse Basma bint Saoud.

Dans une lettre récente adressée au prince héritier saoudien, l’eurodéputé belge Marc Tarabella a appelé à la libération de Salmane ben Abdelaziz, emprisonné avec son père âgé depuis 2018.

Selon la source au Parlement européen, M. Tarabella a déjà envoyé plusieurs demandes similaires à Ryad, restées sans réponse.

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