"Je considère que la situation internationale est la plus grave que nous avons connue depuis 2001", déclarait la semaine dernière M. Hollande au quotidien Le Monde. Conflit en Ukraine, guerre à Gaza, chaos en Libye, crises en Afrique, épidémie d’Ebola: les situations explosives se sont multipliées au cours de l’année écoulée.
Mais c’est encore une fois le Moyen-Orient, avec l’avancée fulgurante des jihadistes de l’Etat islamique (EI) et leur instauration d’un "califat islamique" à cheval entre l’Irak et la Syrie, qui est au coeur des préoccupations.
Lors d’un discours devant les ambassadeurs français, réunis comme chaque année à l’Elysée pour se voir délivrer leur feuille de route, M. Hollande donnera en particulier des précisions sur la conférence internationale sur la sécurité en Irak et la lutte contre l’Etat islamique, que tente de monter Paris.
Dans l’entourage du chef de l’Etat, on précise que l’objectif est que cette conférence ait lieu "rapidement", "dans les prochaines semaines", mais avec pour préalable obligatoire la constitution du gouvernement irakien. La réunion devra "traiter de toutes les dimensions liées à la menace de l’Etat islamique, y compris dans son caractère interrégional", précise-t-on.
Le chef de la diplomatie Laurent Fabius a déjà indiqué que la France souhaitait la présence de tous les pays de la région, y compris l’Iran, ainsi que les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
Cette conférence s’organise alors que Washington, engagé depuis début août dans des frappes pour stopper la progression de l’Etat islamique en Irak, tente désormais de monter une "coalition" pour d’éventuelles opérations en Syrie, autre face du même "cancer" que représente l’EI.
Paris, qui n’a pas l’intention jusqu’à présent de participer à une "intervention" militaire – le chef de la diplomatie Laurent Fabius l’a répété jeudi sur twitter -, livre en revanche des armes aux combattants kurdes qui combattent l’Etat islamique dans le nord de l’Irak.
Reste à savoir comment gérer le versant syrien du dossier et la question qui se pose désormais aux Occidentaux: faut-il traiter avec le président honni Bachar al-Assad pour lutter contre l’EI ?
Ironie de l’histoire, il y a un an jour pour jour, dans son discours devant les ambassadeurs, M. Hollande promettait de "punir", au côté des Américains, le régime syrien accusé d’avoir tué des centaines de personnes dans une attaque chimique dans la banlieue de Damas. Le président américain Barack Obama renonçait in extremis le 31 août et un an plus tard Paris en conçoit toujours de l’amertume, estimant même que la situation en Irak et en Syrie aujourd’hui résulte largement de cette inaction.
– Impasse en Ukraine, bilan en Afrique –
L’autre grande crise de l’année, le conflit en Ukraine, devait également être abordé par le président Hollande, engagé ces derniers mois avec la chancelière allemande Angela Merkel, en pointe sur le dossier, dans une intense "diplomatie du téléphone" pour tenter de convaincre le président russe Vladimir Poutine d’apaiser la situation.
En vain jusqu’à présent. La situation reste extrêmement tendue dans l’est de l’Ukraine, où de violents combats opposent toujours les autorités de Kiev aux séparatistes pro-russes soutenus par le Kremlin.
Le président Hollande devait aussi faire le bilan et vanter son action en Afrique, où la France intervient militairement en République centrafricaine et au Mali.
En Centrafrique, plongée dans le chaos et secouée pendant plus d’un an par des violences entre musulmans et chrétiens, la situation est loin d’être stabilisée, mais l’intervention à partir de décembre des 2.000 soldats français de Sangaris a évité le pire, juge Paris. Et un intense travail diplomatique à l’ONU a permis la mise sur pied d’une opération de maintien de la paix. Dès le 15 septembre, 7.600 casques bleus, en grande partie des soldats africains déjà sur place, prendront la relève dans le pays.
Au Mali, où la France est intervenue en janvier 2013, pour stopper l’avancée de groupes armés liés à Al-Qaïda, le dialogue entre Bamako et les groupes armés du nord s’est enfin engagé et doit reprendre à Alger le 1er septembre.
Militairement, Paris a réorganisé son dispositif (Mission Barkhane), destiné à lutter contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne.