France: bataille parlementaire sur les retraites après un chamboulement ministériel

Le camp du président français Emmanuel Macron se prépare à défendre lundi la réforme contestée des retraites à l’Assemblée nationale, après trois jours chaotiques avec la chute de son candidat à la mairie de Paris et le départ du gouvernement d’une ministre chargée du dossier des retraites.

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a remplacé au pied levé dimanche Benjamin Griveaux qui s’est retiré face au scandale, moins d’un mois avant le premier tour du scrutin pour la mairie de Paris (15 mars).

Elle est remplacée à ce poste-clé dans la réforme des retraites par l’un des rapporteurs du texte, le député Olivier Véran.

Ces turbulences viennent s’ajouter aux couacs et aux voix discordantes qui se sont récemment élevées dans la majorité. Au point que le président Emmanuel Macron avait appelé mardi les députés « à l’unité » pour « gagner la bataille des retraites » et « vendre » ce projet hautement sensible visant à créer un « système universel » de retraite par points.

Après des semaines de contestation dans la rue et un appel à une nouvelle journée de mobilisation lundi, la majorité arrive donc chamboulée.

L’examen inachevé la semaine passée en commission pour cause d’avalanche d’amendements des députés de la France Insoumise (LFI, gauche radicale), un fait inédit après 75 heures de dialogue de sourds, n’était qu’un préambule.

Pour l’heure, quinze jours de débats sont prévus, soit 84 heures, une troisième semaine de débats n’est pas exclue.

Le gouvernement, représenté par le secrétaire d’Etat Laurent Pietraszewski et donc le nouveau ministre Olivier Véran, table toujours sur une adoption en première lecture avant les élections municipales dans un mois et espère un feu vert définitif « d’ici l’été ».

Face à l’obstruction des insoumis avec leurs amendements, les responsables de la majorité martèlent qu’un recours à l’article 49-3 –arme de la Constitution qui permet l’adoption sans vote– « n’est pas l’objectif » mais certains députés ne l’excluent pas si le débat est « clairement impossible ».

Les quelques signaux envoyés en commission pour calmer la colère des enseignants ou des avocats n’ont pas convaincu. S’y ajouteront de nouveaux amendements annoncés cette semaine sur la pénibilité ou les droits familiaux.

– « Impréparation » –

Droite comme gauche dénoncent un « mépris » du Parlement et un projet « nébuleux » et « à trous », avec notamment la trentaine d’ordonnances programmées.

Les trois groupes de gauche –PS, PCF et LFI– qui dénoncent un « amateurisme coupable » du gouvernement, tablent en plus des amendements (près de 37.000 à eux trois) sur une éventuelle motion de censure qui pourrait ralentir un peu plus les débats.

La droite (LR) fustige comme eux « l’impréparation » du gouvernement et estime que pour le financement « on marche sur la tête ».

Le vote de la réforme est programmé avant les conclusions de la conférence de financement, censée trouver d’ici avril des mesures permettant d’atteindre l’équilibre en 2027.

Côté majorité, où l’on dénonce le « sketch » des insoumis, on affiche la volonté de faire aboutir cette réforme « de progrès social », « contre vents d’obstruction et marées d’amendements ».

« On s’est organisés pour durer », indique à l’AFP le co-rapporteur Jacques Maire (LREM, majorité), une source parlementaire tablant sur le fait que l’opposition va « mettre du bazar » les premiers jours mais que cela ne durera pas.

Si le groupe soutient globalement la réforme, des interrogations ont émergé sur son impact budgétaire, et certains à l’aile gauche comptent faire entendre leur voix sur des sujets comme la pénibilité.

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