Esclavage au XXIe siècle : des experts sonnent l’alarme contre l’exploitation par le travail en Europe

Dans un rapport publié mardi, des experts européens de la lutte contre la traite ont tiré la sonnette d’alarme contre l’exploitation par le travail en Europe, présentée en tant qu’esclavage au XXIe siècle.

Dans ce rapport annuel, le Groupe d’experts du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA) met en garde contre l’aggravation de la traite à des fins d’exploitation par le travail en Europe, notant que dans plusieurs pays, c’est la première forme de traite des êtres humains, devant l’exploitation sexuelle.

Les chiffres officiels sous-estiment l’échelle véritable du problème, alors que les poursuites donnent peu de résultats et que les condamnations sont rares, relève le rapport, qui se fonde sur un travail de suivi pays par pays.

Le GRETA souligne que l’exploitation par le travail est devenue la forme prédominante de traite dans plusieurs pays européens, notamment la Belgique, Chypre, la Géorgie, le Portugal, la Serbie et le Royaume-Uni. Il constate, en revanche, que l’ensemble des pays qui ont été évalués à deux reprises jusqu’ici ont indiqué que la traite à des fins d’exploitation par le travail tend à s’aggraver ces dernières années.

Le rapport indique que la plupart des victimes identifiées sont des hommes, bien que les femmes et les enfants soient aussi touchés.

Les hommes sont souvent exploités dans des secteurs d’activité comme l’agriculture, le BTP et la pêche, alors que les femmes tendent à être exploitées dans des cadres plus isolés comme le travail à domicile et la prise en charge de personnes, où elles sont parfois victimes à la fois d’exploitation sexuelle et d’exploitation par le travail.

"Notre suivi montre que de plus en plus de personnes font l’objet de la traite à des fins de travail dans des conditions révoltantes en Europe, à la fois au sein des frontières nationales et au-delà", a déclaré la présidente du GRETA, Siobhán Mullally qui estime que les victimes hésitent souvent à se faire entendre, "car elles peuvent craindre d’être expulsées, ou de subir des représailles de la part de réseaux de traite criminels".

C’est ce qui fait, selon elle, que les poursuites et la condamnation des auteurs de tels actes restent très rares.

"Certains pays ont déjà pris des mesures déterminantes dans ce domaine, mais beaucoup doivent encore améliorer leur politique et leurs pratiques", a souligné la présidente du GRETA qui appelle les Etats de toute l’Europe à "coopérer avec les ONG, les syndicats et le secteur privé pour contribuer à mettre fin à cette forme odieuse d’exploitation et de mauvais traitements".

Le GRETA est responsable du suivi de la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains, sur la base de visites de terrain et d’informations communiquées par les autorités nationales et par les ONG.

La Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains est un traité international juridiquement contraignant, qui oblige les pays à prendre un large éventail de mesures afin d’empêcher la traite des êtres humains, de protéger les victimes et de poursuivre les auteurs d’infractions.

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