Enfin un Institut national des conditions de vie au travail au Maroc
Deux semaines après la célébration par le monde entier de la Journée internationale de la santé et de la sécurité au travail, le Maroc a enfin organisé sa première journée nationale consacrée à la santé au travail pour présenter le bilan des avancées. L’événement a été marqué par la création de l’institut national des conditions de vie au travail, qui sera opérationnel vers fin 2012.
Basé à Casablanca, il aura pour objectif d’animer la stratégie nationale de prévention des risques professionnels et de mener des actions visant à améliorer les conditions de vie au travail et la prévention des risques qui y sont liés. Il devra aussi proposer et fournir une assistance technique en matière de santé et de sécurité au travail aux pouvoirs publics compétents, aux entreprises, aux travailleurs et à leurs organisations respectives.
La mise à niveau des textes reste le défi majeur de cette stratégie nationale de prévention des risques professionnels. Il est espéré la rédaction d’une loi cadre en la matière au courant de 2010 dans l’objectif de définir de façon précise les responsabilités dans ce domaine. En attendant, le Maroc fonctionne à ce niveau avec des textes datant de 1914.
Interrogé par Atlasinfo, le Président de l’Association marocaine de la santé au travail (AMSAT), Dr Hachem Mortaji, a tenu à préciser que les nouvelles organisations du travail ajoutées à la rude pression concurrentielle de l’univers de l’entreprise, nous impose , quand on se préoccupe de la santé des faiseurs de richesses ( les travailleurs ), l’adoption d’une approche multidisciplinaire où des acteurs de prévention de différentes spécialités ( ergonome, hygiéniste du travail ,ingénieur de sécurité , métrologue ,médecin…) agissent de concert dans une complémentarité harmonieuse pour garantir un milieu de travail sain, salubre et décent. Des dispositions législatives nationales alignées sur les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT), représentant un minimum de droits qu’on doit garantir aux travailleurs, constituent à cet égard un préalable incontournable et où l’organisation des services de médecine du travail ne fait que partie d’un ensemble, a-t-il expliqué.
La médecine du travail, demeure en effet le parent pauvre et méconnu de la médecine, puisque, peu informés, les travailleurs conçoivent mal un médecin ayant un rôle essentiellement préventif, un médecin sans ordonnance. Paradoxalement au Maroc, l’obligation d’organiser des services médicaux du travail remonte à plus de cinquante ans quand en 1957 le dahir venant l’instaurer était à son époque d’actualité, mais demeuré quasi inappliqué.
Tant attendu par les partenaires du travail pour remédier aux critiques faites à l’arsenal juridique, le code de travail actuel issu d’une ‘‘gestation difficile’’ et prolongée d’une dizaine d’années ne peut naître que porteur d’handicaps. Non seulement il n’a pas suffisamment répondu, selon Dr Mrtaji, aux attentes concrètes des travailleurs, mais encore il a porté en son sein des germes de son inapplicabilité, au moins concernant la santé au travail et particulièrement pour les services médicaux du travail.
Du reste on peut remarquer que plusieurs dispositions attendent depuis le 6 mai 2004 (date de publication de la loi portant code de travail au bulletin officiel) le chemin à leur application par voie de décrets qui n’ont pas encore vu le jour, vu qu’ils nécessitent une gymnastique ‘’cérébro- juridique’’ extraordinaire si on ne veut pas emprunter la voie rocailleuse des amendements.
A noter par ailleurs que les coûts directs et indirects des accidents du travail et des maladies professionnelles dans le monde représenteraient environ 4 pc du PIB mondial. Selon les chiffres communiqués par le Bureau international du travail (BIT), 250 millions d’accidents et 160 millions de maladies liées au travail surviennent chaque année et tuent 1,2 millions de personnes par an.
L’enfance vulnérable en Afrique ne pouvant échapper au fléau, compte tenu du nombre élevé d’enfants travailleurs dans le continent. D’où la nécessité de faire bénéficier les pays en voie d’industrialisation de l’expérience acquise en matière de prévention des risques professionnels et de faire adapter les stratégies de prévention et de promotion de la santé au travail aux évolutions du monde de travail et de son contexte social et économique.