Elections CFCM -Guéant: « Je ferais l’impossible pour que les élections aient lieu »
Le ministre français de l’intérieur, chargé des Cultes, a affirmé que tout sera fait pour que les élections du renouvellement des instances nationales et régionales du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), prévues les 5 et 19 juin prochain, aient lieu.
« J’étais auprès du président de la république, alors ministre de l’Intérieur lorsque ’il a crée en 2003 le Conseil Français du Culte Musulman. C’était très, très difficile Je me souviens de nuits entières et de week-end entiers de négociations pour arriver à l’organisation des élections. A nouveau, il y a des difficultés comme à chaque élection », déplore le ministre.
L’Union des organisations islamique de France (UOIF) a annoncé son intention de ne pas participer à ces élections et la Grande Mosquée de Paris par la voix de son recteur Dalil Boubakeur lui a emboité le pas. Motif invoqué : l’absence d’une réforme de la loi électorale.
Basée sur les surfaces au m² des mosquées, le mode de scrutin actuel détermine la représentation des Fédérations au sein du CFCM et de ses antennes régionales. Cette contestation est-elle fondée sachant que Fouad Alaoui, à la tête de l’UOIF, préside la Commission de réforme du CFCM ?
Il nous faut un CFCM fort
Pour le ministre, « Il faut qu’il y ait vraiment une prise en compte unitaire des problèmes réels qui existent », notamment la question de la formation des imams. « Pour faire cela, il nous faut un CFCM qui soit fort. Il nous faut même et d’abord un Conseil tout court avant même qu’il ne soit fort ».
« La politique du ministère de l’Intérieur, qui est la mienne, est de tout faire pour que cette élection ait lieu même si elle est imparfaite », a-t-il dit, rappelant que « L’Etat a pris l’initiative d’organiser le culte musulman parce qu’’il y avait un problème de dialogue et même d’expression du culte musulman à l’égard des pouvoirs publics et du reste de la société ».
« Le culte musulman, à la différence des cultes plus anciennement implantés en France qui avaient été organisés à l’époque par les pouvoirs publics, n’était pas organisé », a-t-il précisé.
La formation des imams pose un « problème considérable », selon le ministre pour qui « Les imams ne sont pas toujours à la hauteur de ce que les fidèles attendent », notamment, en matière de formation théologique jugée in suffisante.
La religion musulmane n’est pas traitée différemment
« Il faut aussi que les imams soient pénétrés de notre système juridique et de notre culture. Sur ce deuxième volet, nous avons fait des progrès. Ces progrès ne manquent pas d’ailleurs d’être paradoxaux puisque la formation républicaine des imams est assurée par l’Institut catholique de Paris. Ce qui peut paraître étrange », a-t-il relevé, indiquant qu’ »A partir de la rentrée prochaine l’université de Strasbourg va également assurer un enseignement ».
« Mais ce qui est pour nous important, a précisé le ministre, c’est que la formation théologique se passe en France parce qu’il y a un problème de langue. Il est normal qu’on forme ici les imams pour nos citoyens français qui sont musulmans et qui resteront toujours en France avec leurs enfants et petits-enfants ».
Quant à la question des financements lieux de culte et la polémique sur les prières dans la rue, le ministre a estimé que « Ce phénomène est assez peu répondu mais c’est une pratique qui choque et trouble beaucoup de nos compatriotes. Dans leur esprit, c’est une infraction au principe de la laïcité qui est un principe qui est structurant de la vie publique »
« Pour les musulmans, ce n’est pas une situation convenable. Il faut trouver des solutions et sans tarder, à savoir plus d’espaces de prière », a-t-il dit, reconnaissant « une sorte d’inégalité historique entre la religion musulmane et les autres religions. »
« Avant 1905, selon le ministre, il y a eu des églises qui étaient construites avec des aides publiques. Aujourd’hui, il n’y a aucun financement », a-t-il ajouté. « En revanche, il existe des facilités financières comme par exemple des baux emphytéotiques qui ont été utilisés par le culte catholique en 1930 qui permettent de contracter des systèmes de location à prix coûtant sur des périodes de 99 ans ».
Sur la Fondation pour les Œuvres de l’Islam, créée pour financer la construction de mosquées, Claude Guéant a regretté que « cette Fondation ne marche pas ». « Mais ce n’est pas la faute de l’Etat. »
« En Dix ans, 1000 mosquées ou lieux de prières ont été crées », a-t-il toutefois relevé, affirmant que « La laïcité n’est pas contre les religions ».
Revenant sur la vive polémique autour de la laïcité et la place de l’islam en France, le ministre a estimé que ce principe garantit le libre exercice à chaque culte. « L’Etat respecte tous les cultes mais ne privilégie aucun.»
« Je reconnais que ce débat ait pu troubler les musulmans de France et dans certains pays arabo-musulmans. Mais ce principe est très spécifique à la France et au droit français. La religion est une affaire de conscience et une affaire privée qui ne doit pas s’exprimer sur la place publique », a-t-il poursuivi.
Pour le ministre, la religion musulmane n’est pas traitée différemment des autres cultes. « Il est clair que son insertion dans le paysage institutionnel et social a pu parfois créer des hésitations. La première étant de disposer de lieux de culte suffisants. Tous les croyants doivent pratiquer leur foi de manière digne. »