« Prêt à faire tourner les chiffres ? », « rejoins-nous pour atteindre de nouveaux sommets financiers », « Inscris-toi pour marquer des records capitaux », … les annonces racoleuses des plateformes de trading ne manquent pas.
Les Marocains, adeptes de ces plateformes virtuelles en vogue malgré leur interdiction, occupent le 20ème rang mondial des utilisateurs en 2023, selon le classement publié récemment par la société américaine d’analyse de marché Chainalysis.
Pour Othmane Fahim, économiste au sein de l’Observatoire marocain de la très petite et moyenne entreprise (OMTPME), pas moins de 1,15 million de Marocains ont possédé des actifs virtuels en 2022.
« Les principaux investisseurs sont des jeunes de 20 à 30 ans, attirés par les avantages offerts par les cryptomonnaies pour accéder à une variété de services en ligne et renforcer leur situation financière », a relevé M. Fahim.
Toutefois, le Maroc perd six places dans le dernier classement mondial de l’indice d’adoption de la cryptographie par rapport à 2022 (14è rang). Une situation que l’expert explique par les avertissements consécutifs des régulateurs marocains qui mènent des réflexions pour mettre en place la réglementation nécessaire.
Pour réguler les crypto-actifs, un projet de loi est actuellement en cours de préparation, selon les recommandations émises lors du dernier sommet du G20, avait affirmé le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri.
« La réglementation des cryptomonnaies peut être confrontée à de nombreux obstacles. La nature décentralisée des crypto-monnaies rend difficile la mise en place d’un cadre réglementaire uniforme et cohérent à l’échelle mondiale », a relevé l’expert.
Bien que les inquiétudes liées à la volatilité des prix et aux risques de fraude motivent l’interdiction des cryptomonnaies, l’absence de régulation mondiale et la décentralisation du secteur continuent de créer un terrain propice aux arnaques et au financement d’activités illégales.
Cryptomonnaies : vers une blockchain surveillée ?
La technologie sous-jacente, la blockchain, est conçue pour être décentralisée et anonyme, d’où l’absence, jusqu’à présent, d’un cadre légal mondial, ce qui rend la surveillance et la réglementation délicates. Trouver le bon tempo entre la protection des utilisateurs et l’innovation reste le défi majeur pour les régulateurs, que le Maroc semble bien relever.
En effet, le Royaume a déjà initié un projet de loi portant sur la régulation des crypto-actifs. « L’objectif principal de cette législation est d’aligner les régulations marocaines sur les standards internationaux, selon une approche rigoureuse, afin de protéger les investisseurs et garantir la stabilité du système financier », avait déclaré M. Jouahri lors d’un point de presse tenu à l’issue de la quatrième réunion trimestrielle du Conseil de BAM en 2023. Par la même occasion, M. Jouahri s’est fait l’écho de la progression active de BAM dans ses projets relatifs à la Monnaie nationale de Banque centrale (MNBC), notant qu’un groupe de travail, en collaboration étroite avec des experts techniques et le Fonds Monétaire International (FMI), se consacre à l’avancement de ce projet. Un rapport récent sur la MNBC, actuellement en cours d’analyse par BAM, se focalise sur l’usage potentiel de cette monnaie pour favoriser l’inclusion financière qui est cruciale pour les pays en développement, a indiqué M. Jouahri, estimant que la MNBC pourrait jouer un rôle important dans l’amélioration de la traçabilité, et la réduction des coûts et des délais des transactions.
Par ailleurs, l’un des principaux problèmes posés par le secteur sont les fausses plateformes d’échange qui peuvent être très convaincantes, utilisant des sites web et des tactiques de marketing sophistiqués afin d’attirer des personnes peu méfiantes.
Ces plateformes peuvent promettre des rendements élevés, des frais bon marché et une interface conviviale. Mais la véritable intention est d’extorquer des fonds ou des informations confidentielles aux utilisateurs, ce qui met en jeu, outre la question de la protection du consommateur, l’aspect de la protection des données personnelles. Dès lors, la prudence doit être de mise !