Cette réunion de deux semaines sur l’avenir de la gestion des terres a attiré près de 7.000 participants, dont des chefs d’Etat, des ministres, des délégués des 196 parties de la CNULCD, dont le Maroc, et de l’Union européenne, ainsi que des membres du secteur privé, de la société civile, des femmes, des jeunes leaders et des médias.
S’exprimant lors de la cérémonie de clôture de la COP15 de la CNULCD, le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Patrick Achi a déclaré que « chaque génération est confrontée à cette épineuse question de savoir comment répondre aux besoins de production de nos sociétés (…) sans détruire nos forêts et nos terres et condamner ainsi l’avenir de ceux pour lesquelles nous travaillons ».
Lors d’une conférence de presse ayant précédé la cérémonie de clôture, Alain-Richard Donwahi, président de la COP15, a souligné que c’était la première fois que la Côte d’Ivoire accueillait une COP pour l’une des trois conventions de Rio, mettant l’accent sur l’engagement continu de son pays à maintenir les questions foncières parmi les priorités de l’agenda international.
Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD, a déclaré de son côté que les pays réunis dans le contexte de multiples défis mondiaux, notamment la pire sécheresse en 40 ans en Afrique de l’Est, ainsi que les crises alimentaires et économiques alimentées par la pandémie actuelle de COVID-19 et les conflits, ont lancé un appel commun sur l’importance de terres saines et productives pour assurer la prospérité future de tous.
Lors de la conférence de presse, de nouveaux engagements ont été mis en évidence, à savoir l’accélération de la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030 en améliorant la collecte et le suivi des données afin de suivre les progrès accomplis par rapport aux engagements pris en matière de restauration des terres et en établissant un nouveau modèle de partenariat pour les programmes d’investissement intégrés à grande échelle dans les paysages.
Il s’agit aussi de renforcer la résilience face à la sécheresse en identifiant l’expansion des zones arides, en améliorant les politiques nationales et l’alerte précoce, le suivi et l’évaluation, en apprenant et en partageant les connaissances, en établissant des partenariats, en coordonnant les actions et en mobilisant le financement de la sécheresse.
L’autre engagement porte sur la création d’un nouveau groupe de travail intergouvernemental sur la sécheresse pour 2022-2024 afin d’examiner les options possibles, y compris les instruments politiques mondiaux et les cadres politiques régionaux, pour soutenir le passage d’une gestion réactive à une gestion proactive de la sécheresse.
Les parties concernées se sont engagées de même à s’attaquer aux migrations forcées et aux déplacements provoqués par la désertification et la dégradation des terres en créant des opportunités sociales et économiques qui augmentent la résilience rurale et la stabilité des moyens de subsistance, et en mobilisant des ressources, notamment auprès de la diaspora, pour des projets de restauration des terres.
Un communiqué des organisateurs met l’accent par ailleurs sur l’amélioration de l’implication des femmes dans la gestion des terres en tant qu’actrices pour une restauration efficace des terres, en s’attaquant aux défis fonciers auxquelles elles font face et en collectant des données ventilées par genre sur les impacts de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse.
Les parties sont convenues aussi de combattre les tempêtes de sable et de poussière et d’autres risques de catastrophes croissantes en concevant et en mettant en œuvre des plans et des politiques, notamment en matière d’alerte précoce et d’évaluation des risques, et en réduisant à la source les causes humaines de ces phénomènes, outre la promouvoir des emplois décents lies à la terre pour les jeunes et l’entrepreneuriat des jeunes mais aussi soutenir leur participation au processus de la CNULCD.
Outre les décisions finales, trois déclarations politiques ont été annoncées plus tôt à la COP, l’appel d’Abidjan lancé par les chefs d’État et de gouvernement participant au sommet organisé par le président ivoirien Alassane Ouattara le 9 mai. Il vise à stimuler la durabilité environnementale à long terme dans les principales chaînes de valeur en Côte d’Ivoire, tout en protégeant et en restaurant les forêts ainsi que les terres, en améliorant également la résilience des communautés face au changement climatique, ce qui nécessitera la mobilisation de 1,5 milliard de dollars US au cours des cinq prochaines années.
La Déclaration d’Abidjan sur l’accomplissement de l’égalité des sexes pour une restauration réussie des terres, issue du Caucus sur le genre présidé par la Première Dame de Côte d’Ivoire, Mme Dominique Ouattara, en plus de la Déclaration « Land, Life and Legacy » de la COP15, qui répond aux conclusions du rapport phare de la CNULCD, ‘’Global Land Outlook 2’’, une étude de cinq ans menés par 21 organisations partenaires et comportant plus de 1.000 références. Publiée le 27 avril dernier, elle indique que jusqu’à 40 % de toutes les terres libres de glace sont déjà dégradées, ce qui entraîne des conséquences désastreuses pour le climat, la biodiversité et les moyens de subsistance.
Parmi les autres rapports lancés au cours de la COP15 figurent notamment « La sécheresse en chiffres 2022 », un recueil de faits et de chiffres liés à la sécheresse, notamment une augmentation de 29 % des sécheresses depuis 2000 et une projection selon laquelle les trois quarts de la population mondiale seront touchés par la sécheresse d’ici 2050 si aucune mesure urgente n’est prise.
La COP15 de la CNULCD est la première conférence des parties des trois conventions de Rio qui se tiennent en 2022, avant la COP27 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et la COP15 de la Convention des Nations unies sur la Biodiversité.
Une décision spécifique adoptée par la COP15 de la CNULCD appelle à de plus grandes synergies entre les trois Conventions de Rio, notamment des complémentarités dans la mise en œuvre de ces traités et la fixation d’objectifs au niveau national.
Les prochaines réunions de la Conférence des parties de la CNULCD et de ses organes subsidiaires se tiendront en Arabie saoudite (COP16 en 2024), en Mongolie (COP17 en 2026) et en Ouzbékistan (Comité chargé de l’examen de la mise en œuvre de la Convention en 2023).