Algérie: un parti d’opposition dénonce une fermeture complète de la scène politique
« Nous sommes confrontés à une fermeture complète de la scène politique et médiatique dans un contexte de violations croissantes des droits politiques consacrés par la constitution », a expliqué le bureau politique du parti des travailleurs (PT) dans un communiqué.
Il a ajouté que cette situation « augmente la tension politique, ouvre la porte aux aventuriers et expose notre pays aux ingérences extérieures, comme en témoignent les rapports successifs émis par les instances et organisations internationales ».
Le PT a exprimé sa « profonde préoccupation » et dénoncé par la même « les arrestations quotidiennes de militants, militants politiques, personnalités des médias en raison de leurs opinions ou de l’exercice de leurs droits politiques, et parfois en raison de leur participation antérieure aux marches hebdomadaires ».
Dans ce sens, le parti regrette une « déviation dangereuse, où les droits démocratiques les plus fondamentaux ont été violés, et les activités ou opinions politiques sont criminalisées par le pouvoir judiciaire, qui porte de graves accusations qui n’ont rien de criminels », comme ce qui s’est passé avec des dizaines de détenus et de juristes qui « n’ont commis ni meurtre, ni corruption, ni terrorisme, ni espionnage, ni même délits ».
Le parti a appelé à « mettre fin à cette voie dangereuse » afin d' »épargner, ajoute-t-il, à l’Algérie « toute dérive due aux arrestations et décisions arbitraires ».
Par ailleurs, sur le plan social, le bureau politique du PT considère que « l’aggravation de la crise de l’eau sans précédent depuis des décennies est une bombe à retardement, car elle accroît la détresse de la majorité qui souffre de toutes les formes de privation, conséquence du chômage, de la baisse du pouvoir d’achat, et de façon générale la dépression qui affecte l’économie nationale ».
Dernièrement, Amnesty International a dénoncé l’escalade de répression en Algérie après la vague d’arrestations récente qui a ciblé un nombre de militants et d’activistes.
« Les autorités algériennes se sont livrées à une répression qui s’est traduite par l’arrestation de dizaines de personnes ayant pacifiquement exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion dans les mois qui ont précédé les élections législatives » du 12 juin, a dénoncé Amnesty International.
D’après Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, les autorités algériennes ont utilisé tous les moyens à leur disposition pour écraser la dissidence et réduire au silence les protestataires du mouvement du Hirak, arrêtant et poursuivant en justice des dizaines de militants sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, uniquement parce que ces personnes ont participé à des manifestations ou exprimé des opinions politiques dissidentes ».
Tout en rappelant que 273 militants croupissent dans les geôles du pouvoir algérien, Amnesty a appelé à la libération de « toutes les personnes arrêtées et poursuivies en justice de façon inique parce qu’elles ont exercé leurs droits », ainsi qu’à l’abandon des « charges retenues contre elles ».
« Les mesures prises par les autorités algériennes pour qualifier de terroristes des militant•e•s pacifiques, et leur empressement à inclure une nouvelle définition très large du terrorisme dans leur législation, indiquent qu’elles sont déterminées à intimider les opposant•e•s pacifiques pour les réduire au silence, et à décimer l’opposition politique », a déclaré Mme Guellali.