« Algérie: le Covid-19 à la rescousse des généraux », selon josé Garçon

Spécialiste incontestée de l’Algérie et membre de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean-Jaurès, José Garçon souligne que le régime algérien se sert de la lutte contre le Covid-19 pour durcir la répression notamment contre les médias et les journalistes actifs dans la couverture du Hirak.

« Pour le régime algérien, il y a une chose qui compte plus que toute autre, c’est de régler ses problèmes et pas forcément ceux du pays », affirme José Garçon au micro de RFI, estimant qu' »un fléau moyenâgeux, le Covid, a obtenu – en tout cas momentanément –  ce que le régime n’osait même plus espérer, à savoir mettre fin à ces fameuses marches hebdomadaires qui exigeaient que tout le régime s’en aille. »

« Le Covid-19 est une aubaine pour le régime qui espère bien que cet épisode va briser l’élan du mouvement populaire », relève-t-elle.

Rappelant qu’en décembre dernier, le régime a réussi à faire passer en force son élection présidentielle, José garçon souligne que ce  passage en force n’a pas réglé le problème majeur du pouvoir algérien, qui était comment faire rentrer les gens chez eux, comment mettre fin au Hirak, ce mouvement populaire de contestation, qui exige un changement de système depuis plus d’un an.

Selon cette cette spécialiste de l’Algérie, « le régime ne s’est pas satisfait de la trêve sanitaire qui a été décrétée par les contestataires, mais il utilise la peur et le fait que tout le monde ne se préoccupe que du Covid, pour casser tout et tous ceux qui pourraient faire redémarrer le mouvement à l’issue de cet épisode épidémiologique. »

« Il y a d’abord la censure de la presse et notamment l’interdiction en Algérie de trois médias en ligne. Ensuite, le régime essaie de faire taire tous les récalcitrants, que ce soient des journalistes, que ce soit des activistes politiques, que ce soit des militants… Son objectif, c’est d’intimider et de faire peur, afin que Hirak ne redémarre pas », poursuit José Garçon,  membre de l’Observatoire de la Fondation Jean-Jaurès.

Selon elle, le pouvoir algérien « craint que la défiance des Algériens ne tourne à la colère, si le manque de moyens est trop visible et si les journalistes rendent trop visible » les défaillances du systèmes de santé que le payé est frappé par la pandémie du Covid-19.

Mais aujourd’hui, note-t-elle,  « le risque immédiat n’est pas la colère. La volonté des Algériens, c’est de s’en sortir. Mais demain, effectivement, il y a le risque que la défiance ne se transforme en véritable colère. Et ce risque est d’autant plus fort, qu’il n’y a plus aujourd’hui l’argent pour acheter la paix sociale. »

et de rappeler que l’Algérie est de tous les pays pétroliers, sans doute, le pays le plus dépendant du prix du baril. « Un chiffre indique parfaitement la difficulté économique dans laquelle se trouve l’Algérie, c’est que ses réserves de change ont littéralement fondu. Elles sont passées de 250 milliards de dollars en 2014, à 60 milliards de dollars, aujourd’hui. »

« Or, 60 milliards de dollars, c’est à peine un peu plus d’une année d’importation. Et quand on sait que l’Algérie vit essentiellement sur les importations, on comprend qu’on va effectivement dans une zone de tempête économique sérieuse », précise-t-elle,.

 

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