Algérie: Amnesty dénonce les attaques contre les médias et journalistes anti-Bouteflika
L’organisation Amnesty International a dénoncé, lundi, les attaques des autorités algériennes contre les médias privés et les journalistes opposés au président Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un quatrième mandat au scrutin du 17 avril.
A ce propos, Amnesty cite le cas "très choquant" de l’épouse d’un journaliste ayant couvert des manifestations d’opposition, "agressée par trois individus vêtus en civil qui appartenaient semble-t-il aux forces de sécurité".
Selon l’ONG, "ils l’auraient menacée de leurs armes et auraient exigé que son mari cesse de critiquer les autorités sur Facebook, avant de l’ébouillanter avec de l’eau brûlante".
Le mois dernier, poursuit la même source, "Al Atlas TV", une chaîne de télévision privée qui avait critiqué les autorités dans ses émissions, "a été forcée de suspendre ses activités et interdite d’antenne le 12 mars 2014", suite à une descente des forces de sécurité dans ses locaux.
Amnesty explique que "seuls les médias publics bénéficient d’une licence de diffusion sans restriction", alors que "certaines chaînes privées se voient accorder des licences temporaires susceptibles d’être révoquées sans réel préavis".
"S’attaquer à une chaîne privée simplement parce qu’elle se fait l’écho d’opinions différentes est une atteinte répréhensible à la liberté d’expression", a déclaré Nicola Duckworth, directrice générale chargée des recherches à Amnesty International, citée dans une synthèse sur l’Algérie publiée à Londres.
La chaine privée "Al-Atlas TV" a cessé d’émettre mercredi 12 mars, moins de 24 heures après une descente de gendarmes et de policiers en civil, qui ont saisi ses équipements (caméras, appareils photos).
La chaîne s’était distinguée par la couverture non-stop des manifestations organisées par le mouvement "Barakat" (ça suffit) contre la candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat, lors du scrutin du 17 avril prochain.
Elle diffusait en boucle des images sur les interpellations musclées des militants du mouvement ou de simples participants à ces rassemblements, ainsi que des déclarations d’activistes et de citoyens opposés ou favorables à la réélection du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1999.