Le SG de l’UpM, Fathallah Sijilmassi, plaide pour un renforcement de l’intégration régionale
Le secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), Fathallah Sijilmassi, a plaidé en faveur d’une plus grande intégration régionale et pour un renforcement du dialogue régional, ainsi que pour la mise en place de plateformes de coopération régionale afin de garantir une meilleure et rapide concrétisation des grands projets socio-économiques, pilotés par l’organisation.
« Les pays du sud de la Méditerranée ont un taux d’intégration de 5%, le Maghreb de 3%, alors que celui de l’Asean (Asie du sud-est) est de 25%, celui du Mercosur (Amérique latine) de 20% et celui de l’Union européenne à 65%", a relevé M. Sijilmassi lors d’une rencontre vendredi à Paris avec des médias.
Selon le secrétaire général de l’UpM, « il y a une nécessité d’assurer, aujourd’hui, une plus grande synergie et une plus grande coordination entre les différents acteurs en Méditerranée ».
Indiquant que certains pays proposaient parfois des projets identiques, il a souligné que le rôle du secrétariat général est d’ « essayer de les fusionner » pour « déclencher un réflexe régional".
«Le problème n’est pas le financement. Le problème est l’identification des projets », a-t-il ajouté, avant de noter qu’« il y a une dispersion des forces alors que notre objectif final est que le développement socio-économique au sud de la Méditerranée puisse donner des résultats tangibles et concrets ».
« Nous sommes conscients de la géopolitique de notre région », a-t-il dit, avant de préciser avoir adopté un « principe pragmatique qui est celui de la géométrie variable pour faire avancer des projets de coopération régionale entre les pays du sud de la Méditerranée qui le souhaitent et qui peuvent le faire".
Interrogé sur le conflit israélo-palestinien et s’il continuait d’être un frein aux avancements de certains projets de l’UpM, il a indiqué que Israël et la Palestine sont « membre de l’UMp. Ils participent à toutes les réunions. Chacun y défend sa position».
Parmi les 24 projets labélisés UpM figurent d’ailleurs celui d’une usine de dessalement d’eau dans la bande de Gaza pour un montant total de 310 millions d’euros. « Ce projet labélisé UpM a été approuvé par tous les pays membres" de l’organisation, a-t-il noté, considérant que « c’est un bon exemple » de ce que l’UpM peut faire et rappelant que sur les 1,8 millions personnes vivant dans la bande de Gaza, seuls 10 % ont accès à l’eau potable.
M. Sijilmassi a par ailleurs estimé que les évolutions politiques post-« printemps arabes » et les impacts de la crise en Europe ont nécessité une réorientation et un réajustement de l’approche de l’organisation qui consistent en une prise en compte prioritaire de l’élément humain.
Sur la décision de l’Union européenne de prendre la coprésidence de l’UpM au nom de la rive nord de la Méditerranée, M. Sijilmassi a affirmé que « c’est la meilleure des décisions". "C’est l’implication de l’UE avec tous ses outils ».
Il a en outre plaidé pour une plus grande ouverture de l’UpM. « Quand on travaille dans le cadre méditerranéen, on ne doit pas s’arrêter aux frontières de la Méditerranée », a-t-il fait valoir, donnant l’exemple d’une coopération réussie et aboutie avec la Norvège, les pays du Golfe avec qui l’UpM a des partenariats sur de nombreux projets et enfin l’Afrique.
« Si on n’intègre pas la centralité de la Méditerranée, on ne peut pas réussir l’euro-méditerranéen », a relevé le secrétaire général de l’UpM.
Créée en juillet 2008 à l’initiative de la France, l’UpM compte 43 membres. Aux 28 membres de l’Union européenne s’ajoutent l’Albanie, l’Algérie, la Bosnie-Herzégovine, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Mauritanie, Monaco, le Monténégro, la Palestine, la Syrie, la Tunisie, la Turquie.
Présidée conjointement par l’UE et la Jordanie depuis fin 2012, l’organisation ambitionne de donner un nouveau souffle au processus de Barcelone lancé en 1998.
Le Secrétariat général de l’UpM vise à renforcer la coopération et le partenariat au niveau régional entre les deux rives de la Méditerranée, à travers la mise en œuvre de projets concrets dans six domaines prioritaires: la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes de la mer et les autoroutes terrestres, la protection civile, les énergies renouvelables, l’enseignement supérieur et la recherche, et l’initiative méditerranéenne de développement des entreprises.