André Azoulay : le Forum de Saint-Louis à Essaouira, une « illustration que la politique africaine du Maroc trouve son écho dans les sociétés civiles »
"Ce Forum est l’un des plus écoutés et les plus suivis en Afrique occidentale, bien au-delà de Saint-Louis, du Sénégal et de l’ensemble de la région du sous-continent africain. Et débattre à Essaouira c’est revenir aux sources car, aux 18è et 19è siècles, Essaouira était le port de Tombouctou", s’est félicité M. Azoulay qui intervenait lors d’un panel intitulé "Repensons les imaginaires", inscrit dans le cadre de ce forum (2 et 3 courant à Essaouira).
"Nous étions dans notre histoire le point de passage, le carrefour, l’adresse de tous ceux qui faisaient l’africanité de notre pays. Et dans cette presqu’île, elle aussi avec Saint-Louis, nous étions l’Afrique non pas par la raison et par la géographie, mais parce que nous avons essayé à la fois de garder la mémoire très présente dans notre éducation, dans nos histoires, dans notre civilisation marocaine", a rappelé M. Azoulay.
"Recevoir Saint-Louis ici est dans notre ADN, celui que l’Histoire nous a légué. Et débattre justement de ce que l’Afrique est aujourd’hui pour nous, Africains du nord ou pour l’Occident européen, et de le faire à Essaouira, cela prend une autre signification", a dit le Conseiller du Roi.
Et d’ajouter que le forum de Saint-Louis "est à la fois celui où il y a une liberté de parole pour tous, et qui permet d’esquisser une vision de l’Afrique qui soit en rupture positive avec celle qui est souvent esquissée quand on veut débattre de ce que nous pourrons faire ensemble les uns ou les autres".
M. Azoulay a aussi fait observer que "cette Afrique, profonde, enracinée, sereine, très forte, installée dans son ADN avec tellement de sérénité que je voudrais retrouver aujourd’hui aux côtés de cet amour intéressé que l’on témoigne et que l’on exprime par rapport à toutes ces promesses, toutes ces richesses et tous ces potentiels de l’Afrique".
"Il faut aussi que nous, Africains, sachions d’abord être lucides et ne pas succomber à ces discours séduisants, de ne pas être spectateurs, ni muets et aller au coeur de ce qui fera le momentum qui, certes, n’est pas encore là, parce que nous sommes dans un temps qui n’est pas le plus glorieux pour nous tous", a-t-il insisté.
Il a, en outre, émis le vœu que le forum de Saint-Louis, chez lui à Essaouira, ‘’nous aide à prendre conscience de la nécessité de ne pas dénoncer, résister ou refuser, mais d’imposer à ce retour d’intérêt vis-à-vis de l’Afrique cette dimension humaine, parce que la réponse aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est là".
Pour sa part, M. Souleymane Bachir Diagne, professeur à Columbia University, spécialiste de l’histoire des sciences et de la philosophie islamique, a dit toute sa joie et sa grande fierté d’être ici au Maroc, un pays qui croit en l’Afrique, son propre Continent, un pays qui, tout en étant parfaitement intégré dans l’espace méditerranéen, est profondément attaché à ses racines africaines.
Il a aussi souligné l’importance de se réunir à Essaouira pour débattre du thème ‘’mieux habiter le monde’’, œuvrer pour "réaliser notre humanité commune mais aussi pour remplir toute notre responsabilité d’êtres humains vis-à-vis de la Terre".
Tout en s’interrogeant si l’on est en mesure de se projeter dans l’avenir, M. Bachir Diagne a mis en avant la capacité et la vitalité de création et de créativité dont dispose la jeunesse du Continent africain. Un vrai potentiel, a-t-il affirmé, qui ‘’permet à l’Afrique de rêver et d’ouvrir les imaginaires totalement étriqués et enfermés sur des identités dont on a l’impression qu’il faut toujours protéger’’.
"Avec cette jeunesse créative, nous pouvons construire ensemble une Humanité et donc humaniser convenablement notre monde et notre Terre", a-t-il dit, notant que la jeunesse africaine peut être la solution aux problèmes dont pâtit le Continent et incarner l’avenir prometteur auquel est destinée cette partie du monde.
"C’est cette jeunesse qui représente la solution", a-t-il lancé, donnant l’exemple des sauts technologiques qui ont été accomplis en Afrique par des jeunes en dépit du peu de moyens dont ils disposent.