Dotée d’un budget annuel de plusieurs milliards de livres sterling, la capitale britannique offre le plus grand mandat personnel à un politicien, avec une base électorale de plus de six millions de personnes. La ville dispose d’un maire depuis 2000, à la suite d’un vote écrasant de ses habitants en faveur de la création d’un maire élu et d’une assemblée pour gérer la ville.
Cette personnalité politique de premier plan s’attèle à la défense des intérêts des habitants et des entreprises de la ville. Le maire a pour mission de faire de Londres un meilleur endroit pour tous ceux qui visitent la capitale, y vivent ou y travaillent. Pour ce faire, il dispose de près de 20 milliards de livres qu’il utilise pour le développement économique et social de Londres. Le maire de Londres fait partie de la Greater London Authority (GLA), avec l’Assemblée de Londres, composée de 25 membres et qui assure le contrôle de son action.
En mars dernier, le maire sortant, Sadiq Khan, a officialisé sa candidature pour le poste. S’il est réélu, il sera le premier à effectuer trois mandats de maire depuis la création de cette fonction.
Même s’il jouit d’une avance plutôt confortable dans les sondages d’opinions, M. Khan estime que le résultat de l’élection pourrait être « le plus serré jamais obtenu », en raison des changements apportés au système électoral de la capitale, qui est passé d’une forme de représentation proportionnelle à un système de scrutin uninominal à un tour, mettant l’élection « sur le fil du rasoir ».
Pour se prémunir d’un tel scénario, le maire travailliste a exhorté les jeunes Londoniens à voter pour lui, afin de ‘’préserver tout ce qu’ils aiment et qui fait la diversité de la capitale’’, assurant avoir défendu les « valeurs d’ouverture, d’égalité et d’inclusion » de Londres. Parmi ses principales réalisations, il a cité le gel des tarifs des trains et des bus, l’augmentation du nombre de policiers dans les rues et la gratuité des repas scolaires pour tous les enfants en âge de fréquenter l’école primaire.
En lançant sa campagne, M. Khan a mis en avant ses politiques vertes, en soulignant son travail sur la pollution de l’air et la crise climatique, ainsi que ses efforts en matière de restauration de la nature et pour amener Londres à la neutralité carbone d’ici à 2030.
Le maire, élu pour la première fois en 2016, assume ainsi pleinement sa politique de « zone à très faibles émissions » (Ulez), visant à restreindre la circulation des véhicules polluants et qui a été au centre d’une polémique ces dernières années.
D’abord introduite dans le centre de la capitale en 2019 pour lutter contre la pollution de l’air, l’Ulez a été étendue aux arrondissements extérieurs en août 2023, malgré la réticence de larges franges du public. De nombreux autres candidats à la mairie promettent d’ailleurs de supprimer le programme s’ils sont élus.
Par ailleurs, M. Khan s’est engagé, s’il était reconduit à la mairie, à construire 40.000 nouveaux logements sociaux dans la capitale d’ici à 2030, soit le double de l’objectif précédent.
Sa principale rivale, la conservatrice Susan Hall, est membre de l’Assemblée de Londres et ancienne conseillère municipale. Elle rêve de devenir la première femme à diriger la capitale.
Elle a présenté un plan en cinq points pour Londres, dans lequel elle s’engage à réduire la criminalité, à supprimer l’Ulez, à construire des « maisons familiales » et à faire de Londres une « ville plus propre et plus verte ».
Malgré un début de campagne mitigé, la candidate tory a fini par trouver son cheval de bataille avec des interviews incisives dans lesquelles elle attaque le maire sortant sur l’Ulez et sur son bilan en matière de criminalité.
Un sursaut considéré comme tardif par les observateurs, qui estiment que Mme Hall aura du mal à se défaire des controverses suscitées par certaines de ses précédentes déclarations jugées clivantes, voire même islamophobes.
En février, un sondage YouGov réalisé pour le Mile End Institute de l’université Queen Mary de Londres donnait à M. Khan une avance de 25 points sur Mme Hall, avec 49 % contre 24 % voix, le reste étant réparti sur une dizaine d’autres candidats.
L’élection du Maire de Londres sera donc scrutée à la loupe pour y déceler des signes annonciateurs de l’issue probable des élections législatives prévues plus tard cette année. Un scrutin pour lequel le Premier ministre, Rishi Sunak, n’a pas encore annoncé de date précise et qui opposera des Conservateurs, dont l’image a été usée par des divisions internes après 14 ans au pouvoir, à des travaillistes qui veulent incarner le changement et qui caracolent en tête des sondages.