Sur requête d’un procureur, un tribunal d’Istanbul a ordonné vendredi la nomination d’administrateurs provisoires à la tête du groupe Zaman, renforçant un peu plus les inquiétudes pour la liberté de la presse en Turquie.
"Nous percevons cela comme la dernière d’une série d’inquiétantes actions judiciaires et policières prises par le gouvernement turc pour cibler des médias et ceux qui le critiquent", a regretté le porte-parole du département d’Etat John Kirby.
La diplomatie américaine, par la voix de ce porte-parole, a appelé les autorités turques à "s’assurer que leurs actions maintiennent les valeurs démocratiques universelles inscrites dans leur propre Constitution, dont la liberté d’expression et en particulier la liberté de la presse".
Le groupe Zaman, qui possède outre le quotidien Zaman le journal de langue anglaise Today’s Zaman et l’agence de presse Cihan, est considéré comme étant proche de l’imam Fethullah Gülen, un ancien allié devenu l’ennemi numéro un de M. Erdogan depuis un retentissant scandale de corruption qui a éclaboussé le plus haut sommet de l’Etat fin 2013.
Depuis plusieurs mois, l’opposition turque, les ONG de défense des médias et de nombreux pays s’inquiètent des pressions croissantes exercées par M. Erdogan et son gouvernement sur la presse et dénoncent une dérive autoritaire dans un pays qui pointe à la 149e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).