"On doit éviter ou suspendre les initiatives en cours comme la nouvelle Assemblée constituante, qui au lieu de favoriser la réconciliation et la paix, fomentent un climat de tension et d’affrontement", affirme un texte du secrétariat d’Etat (gouvernement du Vatican) publié vendredi.
"Le Saint-Siège demande à tous les acteurs politiques, et en particulier au gouvernement, que soit assuré le plein respect des droits humains et des libertés fondamentales, ainsi que de la Constitution en vigueur", ajoute-t-il.
"C’est un communiqué inhabituel. En trente ans de diplomatie vaticane, je n’avais jamais vu une chose pareille. Ca veut dire que le Vatican considère que la situation est arrivée à une limite extrême", a commenté à l’AFP le chilien Luis Badilla, vaticaniste et fondateur du site internet "Il Sismografo", qui traque les articles de la planète sur l’Eglise.
En juin, la diplomatie vaticane avait déjà estimé que le projet d’Assemblée constituante mettait en péril la démocratie dans le pays, dans une lettre à l’Organisation des Etats Américains.
Vendredi, le Vatican s’est exprimé plus formellement et sans détours, signalant dans ce texte que le pape François suit de près la situation et prie pour la population. Des paroles très attendues après l’élection dimanche au Venezuela d’une toute puissante Assemblée constituante qui doit diriger le pays pour une durée indéterminée et réécrire la Constitution de 1999, promulguée par Hugo Chavez.
Son élection a en effet été entachée par des violences qui ont fait dix morts et suscité un tollé international.
Le président Maduro n’a pas tenu compte de ce message et l’Assemblée constituante a tenu vendredi sa séance inaugurale, malgré les polémiques sur sa légitimité et les contestations de l’opposition.
Le Saint-Siège a également appelé vendredi les forces de sécurité du pays "à s’abstenir de l’usage excessif et disproportionné de la force". Plus de 120 personnes ont été tuées en quatre mois de manifestations contre le président.
Avec AFP