La démarche du président Biden a constitué un « geste historique », selon les médias américains. Plus encore, il s’agissait d’un soutien moral fort à ce syndicat qui a multiplié les grèves ciblant les trois plus grands constructeurs automobiles aux Etats-Unis: General Motors, Stellantis et Ford.
L’ancien président américain Donald Trump et probable futur rival de Biden à la présidentielle de 2024, n’a pas manqué, lui aussi, l’occasion pour s’adresser aux travailleurs pendant la grève. Il a fait part de son soutien aux revendications d’une catégorie sociale qui en avait assez des conditions de travail qu’elle jugeait difficiles.
Au-delà des revendications exprimées par ces travailleurs, le point commun entre Joe Biden et Donald Trump est la volonté de « séduire » un électorat puissant en perspective des prochaines échéances électorales.
-Automobile, santé et cinéma: la grève se répand
Les experts estiment que la pandémie, qui a impacté de nombreuses professions, le coût de la vie élevé, résultat d’une forte inflation, et les changements technologiques ont ravivé les tensions dans plusieurs secteurs de production.
Ainsi, dans l’industrie automobile, la stagnation des salaires a été l’étincelle qui a alimenté la grève historique, face à l’augmentation des bénéfices des entreprises et des rémunérations des PDG, outre la transformation technologique qui accompagne la transition vers la production des voitures électriques.
Dans le secteur de la santé, qui a connu une grève au début de ce mois de plus de 75.000 travailleurs de Kaiser Permanente, l’un des plus grands prestataires de soins de santé aux États-Unis, les revendications portaient principalement sur l’augmentation des salaires, le renforcement du personnel et la garantie d’un environnements de travail plus sûr.
Quant au secteur du cinéma et du divertissement, qui a connu à son tour une grève historique, les travailleurs avaient des revendications qui comprenaient, outre l’augmentation des salaires, des garanties contre la dérive technologique qui menace la créativité.
En outre, des données publiées par le département du Travail reflètent une augmentation du rythme de l’activité syndicale aux États-Unis.
Ainsi, depuis le début de l’année 2022 et jusqu’en août 2023, le département a recensé 42 arrêts de travail, auxquels ont participé un millier ou plus de grévistes. Le tiers de ces grèves concernaient le secteur de la santé.
Même si les États-Unis connaissent un recul des adhérents aux structures syndicales et du nombre des grèves comparé aux chiffre publiés quatre décennies auparavant, les mouvements de grèves actuels traduisent une transformation profonde dans la société américaine.
Le président Joe Biden compte beaucoup sur le soutien crucial des syndicats pendant sa campagne électorale pour briguer un deuxième mandat.
Cette politique conciliante de l’administration Biden à l’égard des organisations syndicales commence à porter ses fruits d’une certaine manière, puisque la campagne 2024 de Biden bénéficie du soutien des plus grandes organisations syndicales des États-Unis, dont la Fédération américaine du travail.
-Poids des syndicats dans la course à la maison blanche
Séduire les syndicats n’est guère une tâche facile pour les partis républicain et démocrate.
La United Auto Workers (UAW), l’un des premiers partisans de la feuille de route économique proposée par Joe Biden, s’oppose désormais aux orientations du président à cause de sa politique en faveur de la transition énergétique, estimant que l’option des voitures électriques menace le secteur de l’industrie, l’un des piliers de l’économie américaine.
Trump a saisi l’occasion pour tenter d’apparaître comme le créateur d’opportunités d’affaires et d’emplois dans le pays.
Le républicain a pris conscience de la difficulté à laquelle Biden est confronté pour réaliser la transition énergétique tout en conservant le statut de président qui défend les intérêts des travailleurs.
Cependant, Trump n’est pas mieux loti que son adversaire démocrate, car il est bien conscient que le syndicat ne regarde pas d’un bon œil la classe des milliardaires et des hommes d’affaires nanti dont il fait partie.
Si les mouvements de protestation dans les secteurs économiques témoignent, d’une part, d’une colère croissante contre les conditions de travail, et du dynamisme des organisations syndicales, ils sont considérés, d’autre part, comme une carte électorale gagnante.
Les syndicats parient sur la préservation du pouvoir d’achat de la classe moyenne. Cette catégorie sociale détient souvent le dernier mot lors des élections présidentielles et le choix du locataire de la Maison Blanche.