USA: à près de 86 ans, Jimmy Carter fait son grand retour médiatique

Trente ans après avoir perdu la Maison Blanche, l’ancien président américain Jimmy Carter a un emploi du temps plus chargé que jamais et est omniprésent dans les médias, où il cultive son franc-parler et son image de défenseur des causes progressistes.

Toujours alerte à l’approche de son 86e anniversaire le 1er octobre, Jimmy Carter a multiplié les interventions ces derniers temps dans des dossiers controversés, brisant par là-même une règle –non écrite– imposant une certaine réserve aux anciens présidents américains.

Il a ainsi appelé tour à tour les Etats-Unis à tenter d’améliorer leurs relations avec l’Iran et la Corée du Nord, critiqué ce qu’il considère comme la mauvaise volonté d’Israël envers le processus de paix au Proche-Orient, et défendu fermement le droit des musulmans à bâtir une mosquée à deux pas de Ground Zero à New York.

Au cours de la plus inattendue de ses récentes apparitions médiatiques, dans une émission télévisée diffusée en fin de soirée, M. Carter, –un chrétien fervent qui dispense l’enseignement biblique chaque dimanche dans son église de Géorgie (sud-est)–, a même avoué à demi-mots avoir pratiqué la masturbation.

Le 39e président américain a eu des propos particulièrement vifs envers la chaîne de télévision conservatrice Fox News, du magnat des médias Rupert Murdoch, accusée de radicaliser les Américains par son hostilité envers le président Barack Obama.

"Beaucoup de gens naïfs aux Etats-Unis croient vraiment ce que Fox présente comme des faits alors que ce ne sont que des déformations", a dit M. Carter récemment dans l’émission de Larry King sur CNN, jugeant que les Etats-Unis n’avaient "jamais été aussi divisés", même à l’époque de la guerre de Sécession.

Jimmy Carter n’a jamais été un ancien président discret. Un an après avoir quitté la Maison Blanche, il a fondé le Carter Center, une organisation de promotion des élections et de médiation dans les conflits à travers le monde. Il s’est vu attribuer le prix Nobel de la Paix en 2002.

Mais la promotion de son 26e livre, "White House Diary", qui retrace sa présidence (1977-1981) à partir de ses notes de l’époque, l’a replacé au centre des attentions médiatiques.

Certains experts jugent qu’il travaille avant tout à redorer son blason pour la postérité. "Il n’a pas perdu ses ambitions", estime ainsi Stephen Hess, de la Brookings Institution, qui a travaillé dans son administration. "Je pense que c’est en partie parce que sa présidence a été un échec".

M. Carter avait perdu sans appel face à son adversaire républicain Ronald Reagan en 1980 sur fond d’hyperinflation et après l’échec d’une tentative de libération d’otages américains en Iran.

Dans une interview, il n’a pas caché qu’il considérait ses activités d’ancien président comme "supérieures" à celles d’autres ex-dirigeants américains.

Bill Clinton, qui a lancé la Clinton Global Initiative pour s’attaquer à la pauvreté, est moins présent que lui dans le débat politique, en-dehors du soutien controversé qu’il a apporté à son épouse Hillary pour la présidentielle de 2008.

Quant aux anciens présidents républicains George W. Bush et son père, George H.W. Bush, ils affichent une grande discrétion depuis leur retrait de la politique, s’abstenant de critiquer leurs successeurs respectifs.

Une différence de style qui est apparue au grand jour lors d’une réunion exceptionnelle des anciens présidents américains encore en vie, peu de temps avant l’investiture de M. Obama. Alors que ce dernier discutait aimablement avec MM. Clinton et Bush père et fils, les quatre hommes posant épaule contre épaule pour la photo, M. Carter était resté à l’écart, seul et, pour une fois, silencieux.

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