Tunisie : Premier face-à-face islamistes-laïques devant l’Assemblée à Tunis

Tunisie : Premier face-à-face islamistes-laïques devant l
Les deux courants s’affrontent depuis le début du "printemps des peuples arabes", qui a débuté en Tunisie en décembre et a porté au pouvoir les islamistes modérés d’Ennahda à la suite des premières élections libres depuis l’indépendance en 1956.

La dispute qui couvait a été relancée par l’occupation par un groupe d’islamistes conservateurs d’un campus universitaire des environs de Tunis pour exiger la ségrégation des sexes pendant les cours et le droit des femmes à porter le "niqab".

Environ 3.000 islamistes se sont rassemblés ce samedi devant l’Assemblée constituante, qui siège au palais du Bardo. Un cordon de policiers les sépare d’un millier de contre-manifestants laïques. Les islamistes brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment «Nous soutenons la légitimité de la majorité», «La Tunisie musulmane n’est pas laïque!» et «Non à l’extrémisme laïque».

Nourdine Machfer, un manifestant islamiste, a expliqué : «C’est bizarre. Nous vivons aujourd’hui en Tunisie dans un régime de dictature de la minorité. Ils devraient respecter la volonté du peuple, qui a fait connaître ses desiderata [par les urnes en octobre]». Pour sa part, Ennahda, qui pilote un gouvernement de coalition après sa large victoire électorale, a publié un communiqué pour se désolidariser de la manifestation islamiste du Bardo.

Les laïques soupçonnent quant à eux Ennahda (Renaissance), interdit durant l’ère Ben Ali, de vouloir en réalité mettre en place un Etat islamiste en sous-main. «Les islamistes (…) veulent utiliser la (future) Constitution pour s’emparer du pouvoir et faire un coup d’Etat contre la démocratie», à en croire l’un des contre-manifestants, Raja Dali. «Ils veulent accorder tous les pouvoirs au Premier ministre», a-t-elle ajouté en faisant allusion à Hamadi Jebali, secrétaire général d’Ennahda désigné par son parti pour diriger le gouvernement de coalition.

Les manifestations rivales de samedi organisées simultanément par les camps islamiste et laïque sont les premières du genre depuis la chute, le 14 janvier, du président Zine ben Ali. Des huées et des noms d’oiseau ont été échangés par les protagonistes mais il n’y a pas eu de coups. Cet accès de fièvre risque de compliquer les efforts en cours entrepris par Ennahda et ses deux formations laïques alliées pour former un gouvernement de coalition.

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