A l’appel du mouvement "Fech Nestannew" ("Qu’est-ce qu’on attend"), qui a lancé en début d’année la contestation contre la hausse des prix, plus de 200 manifestants, la plupart des jeunes de moins de 25 ans, se sont rassemblés dans le centre de Tunis avant de défiler jusqu’à la préfecture, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les protestataires ont levé des cartons jaunes en criant: "Le peuple veut la chute de la loi de finances" de 2018, "Le peuple en a marre des nouveaux Trabelsi" -la belle famille du président déchu Zine el Abidine Ben Ali, symbole de la corruption de l’ancien régime.
"On estime qu’un dialogue et des réformes sont encore possibles. Le carton jaune, c’est pour dire +attention+: Il est temps aujourd’hui de s’attaquer aux vrais problèmes: la crise économique, la cherté de la vie, etc ? Ces mêmes revendications que nous traînons depuis des années", a affirmé à l’AFP Henda Chennaoui, membre de Fech Nestannew.
Pour Kousay Ben Fraj, un autre responsable de ce mouvement, cette nouvelle mobilisation -après des manifestations sporadiques ces deux dernières semaines- vise à "montrer notre détermination à poursuivre notre mouvement de protestation afin de suspendre l’application de cette loi de finances jusqu’à la révision".
A Sfax, environ 200 personnes ont manifesté leur colère contre la hausse des prix, a constaté un correspondant de l’AFP. "L’argent du peuple est dans les palais, et les enfants du peuple dans les prisons", était-il écrit sur l’une des pancartes.
Selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur, plus de 780 personnes ont été arrêtées en Tunisie depuis le déclenchement des troubles lundi.
Les heurts ont été beaucoup plus limités dans la nuit de jeudi à vendredi que lors des trois précédentes nuits, marquées par des heurts entre policiers et jeunes tirant pierres et cocktails molotov, ainsi que des incendies et pillages dans plusieurs villes, notamment à Tunis et dans le nord-ouest et le centre défavorisé de la Tunisie.
Le mois de janvier est traditionnellement marqué par une mobilisation sociale en Tunisie depuis la révolution de 2011. Le contexte est particulièrement tendu cette année à l’approche des premières élections municipales de l’après-révolution, plusieurs fois reportées et prévues en mai.