Trump fragilise mais ne quitte pas l’accord sur le nucléaire iranien
Le président américain Donald Trump annoncera vendredi une stratégie combative sur l’accord international qui vise à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, sans pour autant aller jusqu’à le « déchirer » comme il l’avait promis en campagne.
Cette remise en cause, au moins partielle, de l’avancée emblématique de son prédécesseur Barack Obama, pourrait ouvrir une période de grande incertitude. M. Trump est en effet très isolé sur ce dossier: Téhéran bien sûr, mais aussi tous les autres signataires de ce texte historique – Moscou, Pékin, Paris, Londres et Berlin – ont mis en garde contre un retour en arrière aux conséquences imprévisibles.
"Nous pensons que l’accord est faible et ne répond pas à plusieurs questions importantes", a expliqué le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson en amont du discours présidentiel prévu à 12H45 locales (16H45 GMT) dans les salons de la Maison Blanche.
La "non-certification" des engagements iraniens place de facto le Congrès américain en première ligne. Mais l’administration Trump a précisé qu’elle ne demanderait pas au Congrès de réimposer des sanctions, ce qui aurait marqué la fin de l’accord.
"Ce que nous proposons c’est ce que nous pensons être la meilleure voie pour améliorer cet accord. Si nous n’y parvenons pas, nous pourrions finalement le quitter", a ajouté M. Tillerson, évoquant la possibilité de négocier un nouvel accord qui ne remplacerait pas l’existant mais viendrait le compléter.
L’administration souhaite en particulier supprimer les échéances de cet accord en vertu duquel les restrictions sur le programme nucléaire sont censées être levées progressivement à partir de 2025.
Elle devrait également imposer des sanctions contre certains membres des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne, mais ne pas aller jusqu’à les désigner comme un "groupe terroriste".
Que vont faire les élus américains ? "C’est notre inquiétude", reconnaît un diplomate occidental, pressant les sénateurs de trouver un "compromis pour ne pas tuer l’accord".
Avant même le discours de Donald Trump, la Chine a appelé vendredi Washington à préserver cet accord, "important (…) pour la non prolifération nucléaire ainsi que la paix et la stabilité de la région".
Une "non-certification" pourrait "sérieusement aggraver la situation" et affecter "la prévisibilité, la sécurité, la stabilité et la non-prolifération dans le monde entier", a prévenu pour sa part la Russie.