Theresa May plaide pour une période de transition de deux ans après le Brexit

Déterminée à relancer les négociations de sortie de l’UE, Theresa May a plaidé vendredi pour un Brexit "soft" avec une période de transition de deux ans et s’est engagée à honorer les engagements financiers britanniques vis-à-vis des Européens.

"Nous traversons une période critique" mais "quand on se rassemble, on peut aboutir à de bons résultats", a déclaré la Première ministre britannique, qui avait choisi le cadre de l’église-musée de Santa Maria Novella, à Florence (Italie), pour prononcer son premier grand discours sur le Brexit depuis celui de Lancaster House, à Londres.

C’était en janvier, et Theresa May professait alors un Brexit "dur" et une rupture "claire et nette" avec l’UE. Mais c’était aussi avant sa déconfiture aux législatives de juin et la difficile ouverture, dans la foulée, des négociations avec ses partenaires européens.

Soucieuse de rassurer ces derniers, Theresa May a longuement répété que, malgré sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni n’avait aucune intention de leur "tourner le dos". "La réussite de nos négociations est dans l’intérêt de tous", a-t-elle insisté.

Point clef de son discours, elle a proposé une période de transition d’"environ deux ans" après le Brexit – soit jusqu’en 2021 – pendant laquelle les relations liant l’UE au Royaume-Uni resteraient en l’état, afin de pouvoir assurer un divorce "en douceur et ordonné".

May prête à payer

Cette période d’ajustement offrirait au Royaume-Uni la possibilité de continuer à faire affaire librement avec le bloc européen, ce que réclament son ministre des Finances Philip Hammond et les milieux d’affaires, inquiets d’une sortie sans filet.

Sur le plan financier, un point essentiel des négociations, Mme May a promis d’"honorer" les engagements britanniques pris dans le cadre du budget européen en cours : "Je ne veux pas que nos partenaires craignent de payer plus ou de recevoir moins".

Reste qu’elle n’a donné aucun chiffre. Les Européens évaluent le montant à régler à entre 60 et 100 milliards d’euros en tenant compte de tous les projets dans lesquels Londres est partie prenante.

Quelques heures plus tard, l’agence de notation financière Moody’s abaissait la note de la dette à long terme du Royaume-Uni en raison des incertitudes liées au Brexit.

La note de la dette britannique a été diminuée passant de Aa1 à Aa2 avec une perspective stable, a annoncé l’agence qui s’inquiète de "l’érosion probable de la solidité de l’économie du Royaume-Uni à moyen terme liée à son départ de l’Union européenne".

Sur une autre question centrale, celle des droits des citoyens européens, Mme May a voulu rassurer en affirmant que les tribunaux britanniques devraient se référer à l’accord de sortie et qu’elle voulait qu’ils "prennent en compte les jugements de la Cour de justice de l’UE" dans leurs décisions.

Ces propositions satisferont-elles les Européens ? Theresa May a fait montre d’un "esprit constructif", a reconnu le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier. Reste à "traduire (le discours) dans des positions de négociations pour progresser réellement", a-t-il dit.

Le Français a aussi relevé qu’elle n’avait pas apporté de clarifications sur la façon dont le Royaume-Uni entend procéder pour garantir les accords de paix en Irlande, une autre priorité des Européens.

Le président français Emmanuel Macron a pour sa part noté des "avancées" et des "ouvertures" dans les propositions de Mme May.

"Doigt d’honneur"

Côté britannique, le "discours de Florence" a été salué par la principale organisation patronale britannique, la CBI, pour laquelle "la voix des entreprises a été entendue".

La colère grondait en revanche chez certains Brexiters purs et durs, Nigel Farage en tête : l’ex-chef du parti europhobe Ukip a accusé Theresa May d’avoir fait un "doigt d’honneur monumental aux 17,4 millions de personnes" qui ont voté pour le Brexit.

Ces réactions illustrent la délicate position dans laquelle se trouve Theresa May, au défi de résoudre l’impossible équation de contenter les uns sans mécontenter les autres sur une question qui divise profondément, jusqu’au sein de son Parti conservateur, qui se réunira en congrès à partir du 1er octobre.

Elle doit aussi contenir ses ministres partisans du Brexit, en particulier le bouillonnant Boris Johnson, le chef de la diplomatie, qui a provoqué une mini-tempête en réclamant la semaine dernière une rupture franche avec l’UE. Depuis, il a fait amende honorable, allant jusqu’à saluer vendredi un discours porteur d’"une vision très séduisante".

Dans un éditorial, le quotidien The Guardian notait un changement de ton chez la Première ministre, voyant dans sa proposition d’une période de transition une approche plus "sobre" et "réaliste" de la complexité du dossier.

AFP

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