Stratégie bas carbone: La France doit investir 13 à 15 milliards d’euros supplémentaires par an (Etude)
Réalisé chaque année depuis huit ans par l’Institute for Climate Economics (I4CE), un think tank sur l’économie de la transition écologique fondé par la Caisse des dépôts et l’Agence française de développement, ce panorama recense les données d’investissement public et privé de l’année précédente en France.
Ainsi, en 2020, les dépenses publiques et privées favorables à la transition écologique (rénovation de logements, achat de véhicules, infrastructures de transport, électricité renouvelable…) ont crû de 10 % par rapport à 2019, pour un total de 45 milliards d’euros, alors que l’investissement global du pays reculait de 7,8 % en raison de la crise sanitaire.
Cette dynamique est principalement due aux contraintes réglementaires liées à la voiture électrique, sur lesquelles Paris s’était engagé avant la pandémie : 8 milliards d’euros ont été consacrés à l’achat de véhicules bas carbone (voitures électriques et hybrides rechargeables) par les entreprises, ménages et collectivités, plus de deux fois plus que l’année précédente.
Les dépenses d’aménagements cyclables ont également doublé, de 1,1 à 2 milliards d’euros.
»Néanmoins, il faudrait encore investir 13 à 15 milliards d’euros supplémentaires par an, jusqu’en 2023, afin de rester en ligne avec la stratégie nationale bas carbone et la programmation pluriannuelle de l’énergie », selon le rapport d’I4CE, qui souligne que ces chiffres ne prennent pas en compte le nouvel objectif donné cet été par la Commission européenne, de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 (contre 40 % auparavant).
Si le plan de relance de 100 milliards d’euros lancé par l’exécutif l’an dernier (dont un tiers est consacré à la transition écologique) a eu des effets bénéfiques, notamment avec le dispositif MaPrimeRénov’ sur la rénovation thermique des logements, cela reste insuffisant, estime l’étude, relayée par le journal Le Monde.
»En dehors du parc social, les rénovations globales [les plus efficaces] restent marginales », pointent les experts, notamment parce que le reste à charge pour les ménages est trop important.
Quant aux investissements dans les énergies renouvelables, ils tardent à se concrétiser – en raison du démarrage tardif des parcs éoliens en mer et de la difficulté à trouver des terrains pour l’éolien terrestre, souligne l’étude, notant que le plan France 2030 annoncé en octobre est principalement orienté sur l’industrie et la recherche et développement, au détriment des transports et des bâtiments.
A contrario, les investissements dits »fossiles » (véhicules thermiques des particuliers et des professionnels, secteur aérien, chaudières, hydrocarbures) ont représenté 45 milliards d’euros de dépenses en 2020, en recul de 32 %. Mais la reprise économique pourrait les faire rebondir.
»Les investissements d’aujourd’hui, ce sont les émissions de gaz à effet de serre de demain », résume Benoît Leguet, directeur général d’I4CE, cité par le Monde.
»Il faut regarder qui finance quoi dans l’économie réelle pour savoir si nous pouvons rester dans la trajectoire prévue », a-t-il estimé, plaidant pour une véritable »stratégie climat des finances publiques », afin que le prochain gouvernement se dote d’un »budget climat ».