Sous la médiation de Christopher Ross, la gestion de la question du Sahara est « définitivement tombée dans l’impasse »
"Sous la gestion de Ross, le processus s’est enlisé davantage" a déclaré à la MAP un diplomate onusien pour qui l’Envoyé spécial a "réussi le pari de mener le processus définitivement à l’impasse", en dépit des avancées réalisées dans le dossier, notamment à la faveur du plan marocain.
Cette proposition de large autonomie a été qualifiée de "sérieuse et réaliste" par le Conseil de sécurité de l’ONU et saluée à maintes reprises par les principales capitales, a-t-il rappelé.
Depuis son arrivée en 2009, la seule innovation de M. Ross fut la mise en place de rencontres informelles censées préparer un 5e round, qui "n’a jamais vu le jour, deux ans après". De fait, les "réunions se poursuivent et se ressemblent, au point d’en oublier leur nombre", a relevé cet ancien haut responsable à l’ONU, regrettant que ce soient "les populations qui en paient le prix fort".
Doublement utilisées, ces populations font les frais de calculs aussi bien "politiques que mercantiles". Privées de recensement, elles sont interdites d’exprimer librement leur choix, mais "servent régulièrement la cause" de la direction inamovible du polisario tout en l’enrichissant à travers les aides humanitaires régulièrement détournées.
L’absence de recensement, pourtant une obligation juridique pour le pays hôte, laisse perplexe de nombreux observateurs qui s’interrogent sur le point de savoir pourquoi l’ONU "traîne les pieds", cette question étant "à peine évoquée" dans le dernier rapport.
Il y a un "certain laxisme" dans la gestion de ce dossier, a souligné un observateur occidental, reconnaissant un "parti pris" de l’Envoyé personnel du secrétaire général et la meilleure preuve, pour lui, en est le récent rapport qui est "anormalement hostile" au Maroc.
Selon cette source, les "modifications au dépens du Maroc" ont été apportées "ici même à New York".
Le "rapport à l’origine était équilibré, ce n’est qu’une fois qu’il est arrivé au siège de l’ONU qu’il a été modifié", a-t-il ajouté, reconnaissant qu’il y a eu "acharnement" contre le Maroc.
"Il faut faire un distinguo entre la Minurso et le secrétariat (général de l’ONU)", a tenu à nuancer cette source. Une récente dépêche de Reuters avait en effet relevé cet aspect.
"Une analyse du premier draft du rapport de l’ONU", dont Reuters avait alors obtenu copie et qui "était directement envoyée par le Chef de la Minurso, Hany Abdelaziz, au siège montre que le langage le plus critique à l’égard du Maroc a été ajouté par l’ONU à New York", souligne le correspondant de l’agence internationale.
Selon le journaliste basé aux Nations unies, la partie qui pointe du doigt le Maroc a été ajoutée par le secrétariat de l’ONU.
C’est un rapport "inhabituellement déséquilibré" et qui "n’est pas de qualité", a estimé une autre source onusienne, estimant qu’il est "contreproductif car disproportionné" si l’on tient compte "des difficultés autrement plus importantes auxquelles l’ONU fait face sur le théâtre d’opérations (mission de maintien de la paix, ndlr) plus difficiles". Cette "faiblesse" s’explique par les "difficultés provenant du changement d’équipes au sein du secrétariat général de l’ONU (pour le second mandat de Ban Ki-moon) et de "l’activisme partisan de certains de ses membres", a ajouté cette source proche du dossier qui a requis l’anonymat.
Pour un diplomate proche du Conseil de sécurité de l’ONU, la décision du Maroc demandant le "redressement du processus de règlement" est "respectable". Il est "normal que l’avis du Maroc soit entendu et écouté", a-t-il dit, qualifiant la décision du Royaume de "respectable".