« Sans peur », Barcelone manifeste neuf jours après l’attentat des Ramblas
Fleurs à la main, des dizaines de milliers d’Espagnols et d’étrangers sont attendus à Barcelone samedi pour une grande manifestation, en présence du roi, en réaction aux attentats jihadistes meurtriers des 17 et 18 août.
Le rassemblement est prévu à partir de 18h00 locales (16h00 GMT), et d’autres manifestations sont annoncées à Madrid et dans d’autres villes espagnoles comme Valence ou Vigo.
"Avec toute la société catalane et toute l’Espagne, nous redonnerons un message d’unité et de rejet du terrorisme et d’affection pour la ville de Barcelone", a assuré le dirigeant conservateur, plutôt accusé jusqu’alors de jeter de l’huile sur le feu des dissensions avec le gouvernement séparatiste de Catalogne.
Aucun dirigeant de gouvernement étranger n’est attendu à ce défilé dont le slogan est "Je n’ai pas peur" dans toutes les langues.
Revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI), les attentats de Catalogne ont été perpétrés par six Marocains âgés de 17 à 24 ans ayant grandi ensemble dans une petite ville des Pyrénées catalanes. Tous ont été tués par la police.
France, Belgique, Grande-Bretagne, Suède, Allemagne, Espagne… Les attentats jihadistes se sont multipliés en Europe depuis plusieurs années.
Et d’autres attentats ont eu lieu depuis ceux de Catalogne. En Finlande, une attaque au couteau, également qualifiée de terroriste, avait fait deux morts et huit blessés le 18 août. Un Belge d’origine somalienne a agressé des soldats au couteau vendredi à Bruxelles en criant "Allah Akbar" avant d’être tué par la police et un homme a été arrêté à Londres après avoir blessé des policiers.
Samedi matin, rares étaient les touristes qui, à Barcelone, savaient qu’une manifestation se préparait. Mais Jesusa Solis, une enseignante privée philippine de 47 ans venue spécialement de Madrid, comptait bien y participer.
"Nous devons nous soutenir les uns les autres contre la violence. Jusqu’à présent, mon propre pays est en lutte contre le terrorisme", disait-elle, l’armée philippine affrontant des islamistes ayant prêté allégeance à l’EI dans le sud de l’archipel.
A Barcelone, Felipe VI sera le premier souverain espagnol à se joindre à des manifestants depuis le rétablissement de la monarchie en 1975. Mais le roi ne défilera pas en tête, pas plus que les élus.
La maire, Ada Colau, a expliqué qu’au premier rang figureraient les "représentants des collectifs qui, dès la première minute, se sont occupés des victimes": policiers, membres des services d’urgences, chauffeurs de taxis, habitants et commerçants des Ramblas…
Le 17 août vers 17h00, une camionnette avait foncé dans la foule des promeneurs sur cette avenue ultra-touristique. Treize sont morts – dont deux enfants.
Depuis, le père d’un garçon de trois ans tué sur les Ramblas a publiquement pris dans ses bras l’imam de sa ville de Rubi, en Catalogne. "Cette accolade symbolise la défaite de ceux qui nous ont fait mal", a commenté sur Facebook la maire de Barcelone.
Parmi les fleuristes des Ramblas qui marcheront en tête, Saray Gomez, 18 ans, travaillait dans le kiosque voisin de l’endroit où la camionnette a fini sa course. "Il faut lancer un message d’unité et de paix, nous n’avons pas peur parce que toute la ville est unie. Et il faut savoir distinguer entre islam et jihadistes parce que les musulmans sont les premiers affectés", dit-elle.
(Avec AFP)