Réformer l’islam de France: instauration d’un « Tracfin islamique » et d’une taxe sur les produits halal

Un rapport qui va être remis à Emmanuel Macron, consulté par « Europe 1 », préconise plusieurs mesures pour la réorganisation de l’islam de France, parmi lesquelles l’instauration d’un « Tracfin islamique » et d’une taxe sur les produits halal.

C’est un rapport bientôt remis au pouvoir et dont les propositions devraient faire du bruit, selon Europe 1 qui a pu le consulter.

Ce rapport de plusieurs centaines de pages a été coordonné par Hakim El Karoui, un l’intellectuel spécialiste de l’histoire de l’islam pour l’Institut Montaigne, à propos de l’organisation de l’islam de France.

Dans son discours devant les parlementaires réunis en Congrès, Emmanuel Macron l’avait promis : "À l’automne, l’islam de France sera organisé". Un changement de paradigme qui pourrait s’appuyer sur plusieurs mesures chocs qu’Europe 1 révèle vendredi matin dans la matinale de Nikos Aliagas.

Une surveillance accrue des flux financiers liés à l’islam

La première proposition concerne le financement de l’islam, souligne la radio. il préconise la mise en place d’une tour de contrôle des flux financiers et des dons, une sorte de "Tracfin islamique", en référence à la structure pilotée par Bercy pour lutter contre la fraude, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette structure rejoindrait la future Association pour le financement et le soutien du culte musulman (AFSCM) voulue par les grandes fédérations de mosquées et lancée début juillet.

L’organisation des pèlerinages plus contrôlée

Ce document insiste également sur un contrôle et une régulation renforcés du système opaque des voyagistes qui organisent les pèlerinages à La Mecque. Aujourd’hui, le consulat d’Arabie Saoudite en France publie chaque année une liste officielle d’une quarantaine d’agences de voyages françaises agréées. Mais dans les faits, des structures se présentent comme des membres de cette liste en agissant plutôt comme des sous-traitants non contrôlés par le consulat.

Une taxe sur le halal collectée par un nouvel organisme

Il pourrait s’agir de la mesure la plus difficile à mettre en oeuvre, selon nos informations, tant les résistances sont fortes. Le rapport préconise la taxation des produits halal, qui pèse cinq à six milliards d’euros de chiffre d’affaires chaque année en France. La mise en oeuvre de cette taxe serait pilotée par une institution nouvelle chargée d’organiser et de financer le culte musulman. Son nom : l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF).

Selon Europe 1, le rapport pointe enfin un risque de "l’islamisation des musulmans" et ne mâche pas ses mots sur l’UOIF, l’Union des organisations islamiques de France. Il le décrit comme en perte de vitesse, enfermé dans des rigidités idéologiques avec comme seul message, un discours victimaire. Si l’institut Montaigne avance des mesures potentiellement explosives, c’est que le pouvoir a besoin que des choses soient dites pour pouvoir avancer et prendre des décisions. Et Hakim El Karoui ne prend pas de gants : "L’islam de France, contrairement à ce que l’on dit, n’est pas pauvre. Il faut juste que ceux qui l’appauvrissent s’écartent de la gestion des flux financiers."

Pour Emmanuel Macron, la question de l’apaisement avec l’islam en France est un chantier crucial. Il le répète souvent : "L’État est laïque mais la société ne l’est pas." Son pari est de créer les conditions d’une laïcité revisitée, maintenue dans le cadre de la loi de 1905. C’est pourquoi la conclusion du rapport est instructive, estime la radio.

“Le problème, c’est qu’au lieu d’essayer de comprendre ce qui se passait, il a semblé plus simple soit de nier le phénomène soit d’agiter une passion triste, la peur, comme seule réponse. Et ce n’est pas la peur qui doit nous guider pour imaginer une réponse à l’islamisme. C’est plutôt la raison", préconise le rapport.

"Passion triste", une formule souvent employée par Emmanuel Macron à propos des opposants à la loi Travail, des partisans de la Manif pour tous ou des eurosceptiques. Une manière d’indiquer que le chef de l’État a sans doute suivi de très près l’élaboration de ce rapport, croit savoir Europe 1.

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