Depuis le matin, des véhicules de la gendarmerie nationale et des Sapeurs-pompiers ont été positionnés aux abord du tribunal alors que les entrées à l’intérieur du palais de Justice sont filtrées par les forces de l’ordre, indiquent des médias locaux.
Face aux risques de troubles, de nombreux commerces et banques ont décidé de restreindre leurs activités ou aménager leurs horaires.
La société de transport public, “Dakar Dem Dikk”, avait, elle aussi, annoncé la suspension du trafic de ses bus durant cette journée.
Pour sa part, le ministère de l’Education nationale a décidé d’anticiper les vacances scolaires. En prévision d’éventuels troubles lors de ce procès, l’Université Cheikh Anta Diop UCAD de Dakar et les écoles sénégalaises ont ainsi avancé le début des vacances de Pâques à mardi, au lieu du 1er avril et du 31 mars.
De son côté, après avoir interdit la vente de carburant au détail, le gouverneur de Dakar a décidé l’interdiction de la circulation des deux roues ce jeudi de 06 h du matin à 00 h pour “des raisons de sécurité”.
Dans son arrêté, le gouverneur de Dakar précise que “les motocyclettes et cyclomoteurs des personnels des forces de défense et de sécurité ainsi que ceux qui sont mobilisés par les autorités sanitaires, ne sont pas concernées”.
Selon le gouverneur, “une dérogation peut être accordée par le préfet du département de Dakar, aux personnes dont les activités professionnelles le justifient”.
Ouvert le 2 février, le procès pour diffamation a été renvoyé à deux reprises dans un climat très tendu, avec l’intervention des forces de l’ordre obligées de conduire Ousmane Sonko au tribunal ou de le ramener chez lui à bord de leur véhicule sur fond de manifestations ayant entraîné des destructions et de nombreuses arrestations parmi les partisans de Sonko.
Mame Mbaye Niang reproche à Ousmane Sonko, d’avoir dit qu’il avait été épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’Etat à cause de la mauvaise gestion d’un fonds de 29 milliards de francs CFA du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac).
Le ministre conteste l’existence de ce rapport et a saisi la justice d’une plainte pour diffamation contre Sonko.
La coalition Yewwi Askan wi (YAW, Libérons le peuple en langue wolof) avait appelé, mardi, à manifester à Dakar le 29 mars et le jour du procès. Elle a également annoncé une marche le 3 avril sur toute l’étendue du territoire national.
Les manifestations des 29 et 30 mars ont été interdites par le Préfet de Dakar par arrêtés pour des raisons de “menaces réelles de troubles à l’ordre public” et “entrave à la libre circulation des personnes et des biens”.
Le président Macky Sall avait demandé, mercredi dernier, au gouvernement de prendre “toutes les mesures idoines” pour “préserver les acquis démocratiques et l’ordre public”, après des troubles survenus dans le pays, liés au procès de l’opposant Ousmane Sonko.
Sonko, maire de Ziguinchor (sud), et candidat déclaré à la présidentielle de 2024, a indiqué qu’il ne va pas se rendre ce jeudi au tribunal correctionnel de Dakar pour assister à l’audience.
Le leader du parti Pastef avait décidé aussi de renforcer son pool d’avocats en faisant appel à Juan Branco, connu pour son soutien au mouvement des Gilets jaunes en France.
Toutefois Juan Branco, “a été sommé de retourner” en France après l’atterrissage de son vol, mercredi soir, à l’aéroport Blaise Diagne de Dakar à quelques heures du procès, a rapporté le journal “Dakaractu”.
A rappeler que le 16 mars dernier, jour du procès de Sonko, des incidents et des violences ont éclaté dans des villes du Sénégal, notamment dans la capitale Dakar.
En mars 2021, la mise en cause de Ousmane Sonko dans une autre affaire de “viols présumés” sur une femme et son arrestation à cette époque, avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années au Sénégal.