Après la crise sanitaire liée à la Covid-19, qui a dévoilé la face cachée d’une Union européenne incapable d’assurer la sécurité économique et sanitaire des citoyens face aux géants asiatiques, la guerre en Ukraine est venue confirmer la nécessité pour l’Europe de renforcer sa souveraineté et son autonomie en matière notamment d’approvisionnement et de défense.
Une Europe souveraine forte et autonome est l’idée que défend le dernier prétendant à l’Élysée, le président sortant Emmanuel Macron ayant gardé jusqu’à la dernière minute le suspense entier autour de sa candidature.
Pour le candidat de la République en marche (LREM), l’Europe se doit d’être « souveraine capable de peser sur le cours du monde ». Pour cela, il propose d’accroître l’autonomie énergétique, technologique et stratégique de l’Union européenne.
Le candidat Macron veut aussi « aller au bout de la réforme de Schengen” et souhaite bâtir un “métavers européen” qui, parmi d’autres mesures, sera destiné à assurer “l’indépendance culturelle et informationnelle” de l’Union.
Aux antipodes des idées mises en avant par le président sortant, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national (RN), qui ne souhaite plus que la France sorte de la communauté des Vingt Sept, veut, tel que lui dicte sa vision souverainiste rigoriste, que le droit français prime sur la législation européenne. Elle défend ainsi l’exclusion de l’agriculture des traités de libre-échange signés par l’UE, promeut l’indépendance de la France en quittant le commandement intégré de l’Otan et en cherchant “à reconfigurer » la relation stratégique avec les États-Unis, mais aussi à nouer “une alliance avec la Russie sur certains sujets de fond”. En matière migratoire, thème favori de l’extrême droite, Marine Le Pen plaide pour le retour du contrôle permanent des frontières nationales.
Une autre figure non moins médiatisée de cette élection est le candidat de »Reconquête! », le polémiste Eric Zemmour, qui veut “défendre les intérêts des Français en Europe”. Pour cela, il envisage de réformer l’article 55 de la Constitution pour faire primer “toute nouvelle loi nationale sur le droit européen existant”. En plus de vouloir rétablir un contrôle très strict des frontières et de la politique migratoire, il envisage de mettre le veto français “à toute négociation de traité de libre-échange” avec l’objectif de construire une “Europe des nations”, notamment en refusant tout nouvel élargissement de l’Union européenne.
Jean-Luc Mélenchon, le candidat qui se dédouble par hologramme dans les meetings électoraux au nom de la France insoumise (LFI), souhaite quant à lui une rupture avec les traités actuels. Refusant, lui aussi, tout nouvel accord de libre-échange, Mélenchon veut mettre en place un “protectionnisme écologique”. En matière de défense, il veut sortir du commandement intégré de l’Otan et suspendre la participation de la France à l’Europe de la Défense. La candidate de la droite, Valérie Pécresse (Les Républicains) n’a pas développé un véritable programme dédié à l’Europe pendant sa campagne, mais plutôt des mesures pour redresser certaines failles, comme l’instauration de la taxe carbone aux frontières de l’Europe, le renforcement de la politique agricole commune. Elle veut également créer une “grande alliance européenne pour la recherche et l’innovation en santé”. En ce qui concerne la migration, elle souhaite renforcer le contrôle aux frontières et refuse tout élargissement de l’Union européenne. La socialiste Anne Hidalgo consacre, pour sa part, une dizaine de mesures à l’UE, dont elle défend la “force” face “aux désordres du monde”. Elle veut mettre en place un agenda social européen promouvant un salaire minimum au sein de l’Union et l’égalité salariale femme-homme. Enfin, elle souhaite replacer la langue française au centre de “la stratégie d’influence” nationale. Le candidat Yannick Jadot (Les Verts), veut naturellement une Europe tournée vers l’écologie et défend une plus grande part du budget européen au climat. Sur le plan du fonctionnement institutionnel, l’actuel député européen veut accélérer les prises de décisions de l’UE en tâchant d’en “éviter le blocage par une minorité d’États membres”.
Les idées des autres candidats sur l’Europe, notamment Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Fabien Roussel (Parti communiste français), Jean Lassalle (Résistons) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) se rejoignent et se recoupent dans la mesure où ils défendent presque tous une certaine souveraineté de la France au sein de l’Union européenne, la fin des accords de libre-échange, une Europe des grands projets ou encore une Europe sans frontières.
A J-2 de l’élection présidentielle française, la course à l’Élysée demeure plus que jamais ouverte et incertaine, les observateurs pointant une campagne électorale assombrie par la guerre en Ukraine tout en redoutant un taux élevé d’abstention. Si les sondages sur les intentions de vote placent toujours le président sortant, Emmanuel Macron, comme favori, aussi bien au premier comme au deuxième tour, Marine Le Pen ne cesse de resserrer l’écart avec ce dernier, tandis que Jean-Luc Mélenchon avance à pas sûrs en se positionnant à la 3ème place.