Le Sénégal a bel et bien réussi un pari politique de taille, à travers l’organisation dimanche avec succès de la 12ème élection présidentielle de l’histoire du pays depuis son accession à la souveraineté internationale en avril 1960, ouvrant un autre chapitre de l’alternance pacifique et de la passation démocratique du pouvoir qui a caractérisé le pays depuis des décennies.
A la date tant attendue, les Sénégalais étaient tôt au rendez-vous, non seulement pour accomplir leur devoir civique en élisant le cinquième président de la République qui succédera, le 02 avril prochain, au Chef d’Etat sortant Macky Sall, mais également pour donner une leçon riche en enseignements démocratiques.
Ainsi, de l’ouverture à la fermeture des bureaux, les opérations de vote se sont déroulées, selon les observateurs nationaux et internationaux, dans un climat de calme et dans le respect des règles de la démocratie, sans le moindre incident qui puisse entacher le bon déroulement de l’exercice démocratique.
Mais avant d’arriver à ce jour, le 03 Juillet 2023 restera une date historique, gravée dans la mémoire du peuple sénégalais car après un suspens de plusieurs mois, le président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, a décidé de ne pas se présenter à la présidentielle initialement prévue le 24 février 2024 pour briguer un troisième mandat.
Sept mois après, et à la veille du lancement de la campagne électorale, le président sénégalais a annoncé le report sine die du scrutin présidentiel, évoquant de profondes dissensions causées par la validation des candidatures.
Quelques jours plus tard, le Conseil constitutionnel va intervenir pour rejeter ce report, avant que Macky Sall ne fixe le 06 mars, comme date de la présidentielle au 24 mars. Ce processus qui a abouti au choix de cette date reflète à bien des égards la solidité et la place qu’occupent les institutions démocratiques du pays.
Entre temps, la campagne électorale s’est déroulée généralement dans le calme, avec pour fait marquant la sortie de la prison le 14 mars du candidat à l’élection, l’opposant Bassirou Diomaye Faye, en compagnie du leader du parti PASTEF Ousmane Sonko, après avoir bénéficié d’une loi d’amnistie générale.
La campagne électorale s’achève pour laisser place au verdict des urnes. Plus de 7 millions Sénégalais inscrits sur les listes électorales étaient, ainsi, appelés dimanche dernier aux urnes pour élire leur nouveau président, parmi 17 candidats en lice.
Fin à 18H00 comme prévu des opérations de vote, le dépouillement commence dans les quelques 16.440 bureaux de vote, dont 807 dédiés aux Sénégalais de la diaspora.
Quelques heures après, les premières tendances de la présidentielle commencent à émerger donnant un net avantage au candidat de l’opposition, Bassirou Diomaye Faye, devant celui de la coalition au pouvoir, Amadou Ba, très loin devant les 15 autres concurrents.
Avant minuit, Bassirou Diomaye Faye commence à recevoir les félicitations de ses adversaires. Même le principal concurrent Amadou Ba va appeler M. Faye pour le féliciter de cette victoire dès le premier tour, donnant un rare leçon de fair play et de respect des règles du jeu démocratique.
« C’est la victoire de la démocratie sénégalaise », a commenté le président sortant Macky Sall, dans son message de félicitations à son successeur Bassirou Diomaye Faye, le dernier épisode du feuilleton présidentiel ouvrant la voie à une alternance pacifique entre les deux hommes.
L’épilogue de cette épreuve politique honore non seulement le vainqueur dont le jour de la victoire a coïncidé avec son anniversaire, mais l’ensemble du peuple sénégalais qui était à la hauteur de ce moment historique. Les Sénégalais ont fièrement montré que le pays demeure un havre de démocratie et de stabilité dans une région secouée par plusieurs turbulences politiques et sécuritaires.
La présidentielle s’est déroulée « dans une atmosphère largement pacifique », s’est réjouit Ibrahim Gambari, chef de la mission de la Cedeao, en présentant, mardi à Dakar, les premières conclusions de cette élection.
« Le scrutin a été bien organisé. Les électeurs ont pu faire leur choix librement dans une ambiance paisible et ordonnée », s’est félicitée, de son côté, la cheffe de la mission d’observation de l’Union européenne, Malin Björk.
Dès le 02 avril, Bassirou Diomaye Faye sera officiellement investi cinquième président du Sénégal, après Macky Sall, Abdoulaye Wade, Abdou Diouf et Léopold Sédar Senghor, pour entamer une nouvelle page de développement de ce pays ouest-africain de plus de 18 millions d’habitants, qui a réussi le pari de la démocratie.