Obsèques: face au déclin religieux, la vogue du sermon laïc

Obsèques: face au déclin religieux, la vogue du sermon laïc
Les Français, dont le sentiment religieux faiblit, demandent de plus en plus souvent à un laïc d’organiser une cérémonie, de prendre la parole aux obsèques de proches, pour que le défunt "ne soit pas enterré comme un chien".

La mairie de Paris comptabilise 17.000 convois funéraires par an: 66% des défunts ne passent pas par un lieu de culte, la proportion étant plus forte pour les clients du crématorium (83%) que pour les inhumations (52%).

La religion n’est plus un secours pour de nombreux Français: 41% sont athées ou non-croyants, 90% non pratiquants. Les repères traditionnels sont perdus, avec l’essor de la crémation qui représente un tiers des obsèques actuellement en France (entre 40% et 50% en zone urbaine) et les besoins des endeuillés sont très différents entre le décès subit d’une personne dans la force de l’âge et celui d’un centenaire, selon la mairie

"Dans nos repères culturels, l’enterrement réussi est l’enterrement catholique, avec une cérémonie marquant la séparation des vivants et des morts, une demande du public est apparue pour avoir une célébration laïque", explique le directeur général des services funéraires à la ville de Paris, François Michaud-Nerard.

A Paris, au crématorium du cimetière du Père Lachaise, les premiers maîtres de cérémonies laïques sont apparus en 1999. En 2011, ils sont sept qui procèdent jusqu’à quatre célébrations par jour "et qui font des interventions de haute qualité, car au Père Lachaise, nous avons en moyenne la visite d’un ministre par semaine", dit M. Michaud-Nerard.

"Pour leurs obsèques, certaines personnes veulent le minimum, 4 planches, pas de discours et la chose la plus rapide qui soit, et c’est exactement le contraire dont ont besoin les proches", raconte M. Michaud-Nerard.

Il est important pour faire le deuil d’un proche d’accepter la réalité du décés et d’exprimer longuement par des mots les émotions provoquées par cette disparition, estime M. Michaud-Nerard.

A Saint-Etienne (Loire), un prêtre qui a quitté l’église en 2001, Jean-François Vernay, a créé en 2009 l’association Cellaic, afin de faire des célébrations non religieuses.

Ancien aumônier des gitans, M. Vernay, 66 ans, raconte: "Quand j’étais prêtre, j’étais apprécié pour mes célébrations. Lorsque je me suis mis en ménage, j’ai été souvent sollicité pour des mariages ou des obsèques, et c’est pour cela que j’ai créé Cellaic, et que j’ai formé deux autres célébrants.

"Les gens se retrouvent seuls, avec un cercueil, ils ne veulent pas passer par une religion, mais ils ne savent pas quoi faire", déclare M. Vernay.

"Nous faisons parler les gens du défunt afin de pouvoir raconter l’histoire de la personne, les grandes étapes de sa vie, le travail de deuil a besoin d’un point de départ, les obsèques, et d’une visibilité, de donner du sens, c’est pourquoi cette célébration est importante."

"Le deuil a besoin de la présence de proches et de parents qui soient témoins de ce chagrin et de quelqu’un extérieur à la famille qui représente le corps social et qui va relier le défunt aux autres, à la veuve, aux enfants, aux amis", ajoute l’ancien prêtre.

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