Mobilisation historique en France pour dire « stop » aux violences faites aux femmes

"Agresseur, harceleur, t’es foutu, les femmes sont dans la rue": des dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé samedi dans toute la France pour dire "stop" aux violences sexistes et sexuelles, une "marée violette" pour peser sur le gouvernement à deux jours de la fin du "Grenelle" lancé contre ce fléau.

La trentaine de marches organisées en France a rassemblé "150.000 personnes", dont "100.000 à Paris", selon le collectif féministe #NousToutes. Le cabinet Occurrence a pour sa part dénombré 49.000 manifestants dans la capitale lors de son comptage pour un collectif de médias, dont l’AFP.

"C’est la plus grande marche de l’histoire de France contre les violences" sexistes et sexuelles, s’est félicitée l’une des organisatrices, Caroline De Haas, dans un message transmis aux médias.

Il y a un an, près de 50.000 personnes s’étaient rassemblées dans toute la France dont 30.000 à Paris selon les organisatrices, la police comptant alors 12.000 manifestants dans la capitale.

Samedi, la police ou les préfectures ont dénombré 5.500 manifestants à Lyon, 2.000 à Bordeaux, 1.650 à Strasbourg…

A Paris, derrière la banderole de tête tenue par l’Union nationale des familles de féminicide (UNFF), plusieurs personnes portaient des pancartes affichant la photo de leur proche tuée.

Depuis le début de l’année 2019, au moins 116 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte et une étude au cas par cas menés par l’AFP.

Durant toute l’année 2018, le chiffre avait atteint 121 femmes victimes, selon le ministère de l’Intérieur.

"Dans 32 féminicides, c’est Noël", pouvait-on lire sur une pancarte ironique dans le cortège parisien, composé de femmes en majorité mais aussi d’hommes. L’ambiance était à la fois festive et empreinte de gravité.

Une grande banderole s’élevait contre une "justice complice", tandis qu’une multitude de pancartes proclamaient: "Ras le viol", "Féminicides, pas une de plus", "Brisons le silence, pas les femmes", "Qui ne dit mot ne consent pas" ou encore "Aux femmes assassinées la patrie indifférente".

Près de 70 organisations (Planning familial, CGT, CFDT, EELV, LFI, PS, Unef, PCF, SOS homophobie…) et de nombreuses personnalités se sont jointes au défilé parisien. Parmi elles, les comédiennes Muriel Robin, Alexandra Lamy, Julie Gayet, Sandrine Bonnaire et Eva Darlan, ou encore Vincent Trintignant – le frère de Marie, tuée par Bertrand Cantat en 2003.

"Minute de cris"

A Strasbourg, la manifestation a été marquée par un moment fort: le témoignage des deux enfants et de la soeur d’une femme tuée par son compagnon. Tous sourds-muets, ils se sont exprimés en langue des signes, avec une interprète qui traduisait pour la foule, suscitant une très forte émotion.

Le cortège bordelais était rythmé par les percussions d’une batucada "féministe", et les premiers rangs étaient réservés aux femmes.

"Ce sont les femmes qui sont en tête, on est quand même les premières concernées, il faut donc qu’on nous entende et qu’on nous voie. D’habitude on est invisibles. Les hommes peuvent se mettre avec nous derrière, ce n’est pas une ségrégation", a expliqué à l’AFP Claire Chartier-Grimaud, du Collectif bordelais du droit des femmes.

Une minute de silence a été observée à la mémoire de Safia M., mère de quatre enfants poignardée à mort le 21 octobre par son ex-conjoint dans un quartier populaire de la ville. Elle a été suivie par une "minute de cris", pour que les participantes puissent "hurler leur colère".

Le collectif #NousToutes a globalement pointé un "manque de moyens" et une "absence de réponse à la hauteur de la part du gouvernement". Il réclame un milliard d’euros par an pour la lutte contre les violences faites aux femmes, alors que le budget qui lui est consacré est de 361,5 millions d’euros, selon des chiffres du secrétariat d’État à l’Égalité femmes-hommes.

Cette mobilisation survient juste avant la clôture lundi du "Grenelle contre les violences conjugales", lancé début septembre pour tenter d’enrayer ce fléau. Le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné d’une douzaine de membres du gouvernement, doit y annoncer ou confirmer une quarantaine de mesures, dont celles dévoilées au lancement de ce chantier le 3 septembre.

Parmi les mesures attendues: l’inscription dans la loi des violences psychologiques, afin de mieux les repérer et sanctionner.

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