Malgré la police, des milliers de personnes manifestent à Alger contre un 5e mandat du président Bouteflika

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche, malgré un important dispositif policier, dans le centre d’Alger pour s’opposer à un 5e mandat du président Abelaziz Bouteflika, qui devait pour sa part s’envoler dans la journée pour des examens médicaux en Suisse.

En ce premier jour de semaine, la mobilisation a été bien plus faible que lors des manifestations massives de vendredi, qui ont surpris par leur ampleur et ont marqué les esprits.

Des dizaines de milliers de personnes, répondant à des appels lancés par des anonymes sur les réseaux sociaux, étaient alors descendues dans la rue, notamment dans la capitale, où les manifestations sont pourtant strictement interdites. La police, débordée par le nombre, n’avait pu les en empêcher.

La police a en outre procédé à plusieurs arrestations. Soufiane Djilali, coordinateur du mouvement "citoyen" Mouwatana -à l’origine de l’appel au rassemblement-, a affirmé à l’AFP que "15 cadres" de ce collectif ainsi que "des dizaines de citoyens" avaient été interpellés. Ce chiffre n’a pu être vérifié à cette heure auprès d’autres sources.

Déployée en masse depuis le matin dans le centre d’Alger, survolé sans interruption par un hélicoptère, la police a d’emblée tenté d’empêcher le rassemblement de Mouwatana, en faisant évacuer dès avant l’heure prévue la Place Audin, où la cinquantaine de militants étaient déjà réunis.

Délogés, ceux-ci se sont alors regroupés, aux cris notamment d’"Algérie libre et démocratique!" et "Non au 5e mandat!" sur l’un des principaux axes -adjacent- du centre de la capitale, où les ont donc rejoints d’autres manifestants.

La date de dimanche -premier jour de la semaine en Algérie- avait été choisie, car il était envisagé -sans que ce soit confirmé officiellement- que M. Bouteflika, 81 ans, fasse une rare sortie publique.

Affaibli par un AVC dont il a été victime en 2013, le chef de l’Etat, cloué sur un fauteuil roulant, n’apparaît que rarement en public.

La présidence a finalement annoncé que le chef de l’Etat devait s’envoler dimanche à destination de Genève pour un "court séjour afin d’y effectuer des contrôles médicaux périodiques".

Au pouvoir depuis 1999, M. Bouteflika a mis fin le 10 février à des mois d’interrogations sur ses intentions, en annonçant dans une "lettre à la Nation" qu’il briguerait un 5e mandat lors de la présidentielle du 18 avril, scrutin qui est présenté comme joué d’avance.

Dans son message du 10 février, il avait devancé les critiques sur son état de santé, qui selon certains de ses opposants le rend inapte à gouverner, en reconnaissant ne plus avoir "les mêmes forces physiques qu’avant" mais "transcender les contraintes liées aux ennuis de santé" par "la volonté inébranlable de servir la Patrie".

Outre le centre d’Alger, Mouwatana avait appelé les habitants des autres régions d’Algérie à se rassembler dans "le calme" devant les préfectures. Aucune autre manifestation notable n’a toutefois été signalée dans l’immédiat.

Les réseaux sociaux ont aussi relayé ces derniers jours des appels à une "marche des étudiants" contre le 5e mandat le 26 février partout en Algérie.

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