Comment préparer la reprise de l’activité sans relâcher la lutte contre le coronavirus ? Emmanuel Macron et Edouard Philippe consultent partenaires sociaux et forces politiques avant l’allocution présidentielle de lundi, aux annonces très attendues un mois après le début du confinement.
Une chose est déjà sûre: le « Restez chez vous » sera réaffirmé par le chef de l’Etat lorsqu’il s’adressera à la télévision, à 20H02, pour la quatrième fois depuis le début de la crise sanitaire.
Emmanuel Macron devrait préciser la durée de la nouvelle prolongation du confinement entamé le 17 mars, et pourrait donner de premières indications sur l’étape suivante, celle du déconfinement et de la sortie de la situation d’urgence, qui s’annonce graduelle.
Pour cela, à défaut de réunions autour d’une table, les visioconférences, les audioconférences et les échanges, y compris avec des experts controversés comme le professeur Didier Raoult jeudi, devraient continuer à se succéder jusqu’à lundi pour l’exécutif.
Vendredi matin, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont réuni les responsables patronaux et syndicaux pour la seconde fois en 15 jours.
Le président a eu « deux messages: ce n’est pas le moment de baisser la garde car le confinement reste le moyen de faire décroître l’épidémie. Et il faut réfléchir au déconfinement même si, à l’évidence, on n’en est pas là », a déclaré Yves Veyrier (FO) à l’issue de l’audioconférence.
« Tout le monde s’est félicité de la qualité du dialogue entre l’exécutif et les partenaires sociaux », a pour sa part souligné François Asselin (CPME), alors que le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a proposé que soient définis des « critères obligatoires » dans « chaque entreprise » en matière sanitaire.
?ufs de Pâques
L’exécutif veut aussi montrer qu’il est « à l’écoute » des forces politiques. Après avoir fait le point avec l’ensemble des ministres dans la matinée, Edouard Philippe s’est entretenu en visioconférence avec les présidents des groupes parlementaires et des deux assemblées, Richard Ferrand (LREM) et Gérard Larcher (LR). Avant des contacts téléphoniques avec les chefs de partis tout au long du week-end, selon Matignon.
Le Premier ministre a « exposé l’état des réflexions du gouvernement » mais donné « peu d’éléments de réponse », selon Damien Abad, patron des Républicains à l’Assemblée. Un autre, plus acerbe: « rien de nouveau: il cherche, cherche, cherche… comme les enfants chercheront les oeufs de Pâques ».
A propos d’un éventuel « traçage numérique » des malades, le Premier ministre, qui était entouré de Bruno Le Maire, Sibeth Ndiaye, Marc Fesneau et Christophe Castaner, a fait savoir que s’il devait y avoir recours à cette technologie, bien que cela ne nécessite pas une loi, il souhaite qu’il y ait un débat parlementaire », a indiqué son entourage.
« Clair » et « concret »
Droite comme gauche demandent qu’Emmanuel Macron adresse lundi un message « clair » et « concret », en particulier sur les questions qui font débat: port du masque, tests, traitements, traçage numérique, conditions du déconfinement ou encore contrôle des frontières…
« Le ton martial ne suffit plus. Il n’y a plus de place pour le flou, les hésitations et le +en même temps+ », estime Pierre Jouvet, porte-parole du PS.
Face aux critiques, l’exécutif met en avant les difficultés à s’adapter en permanence à une épidémie inédite et aux nombreuses inconnues. « On sait qu’on navigue un peu à vue. Il faut donc être extrêmement transparent et continuer à l’être », souligne le député LREM Roland Lescure.
Après avoir serré les rangs, « les Français retrouvent leur capacité critique » face au pouvoir, note le politologue Pascal Perrineau. En soulignant la logique des derniers sondages, dans lesquels le taux de confiance dans l’action de l’exécutif – autour de 47 % – tend à se rapprocher de la cote de popularité d’Emmanuel Macron.
Pour préparer l’après-crise, l’exécutif doit aussi tenir des appels de la société civile à ne pas laisser le débat aux seuls experts. Les participants de la Convention citoyenne pour le climat ont ainsi transmis 50 propositions à l’exécutif, en appelant à ériger « un modèle économique et sociétal différent, plus humain et plus résilient ».