Macron et le Maroc, un partenariat à réinventer !

De quelle urgence était saisie le locataire de l’Élysée qui revenait à peine de son périple algérien pour annoncer de cette manière peu protocolaire son déplacement au Maroc ? 

Quel message visait le président français Emmanuel Macron lorsqu’au hasard d’une rencontre fortuite avec des Marocains dans la rue, il leur annonce sa décision de se rendre au Maroc fin octobre ? De quelle urgence était saisie le locataire de l’Élysée qui revenait à peine de son périple algérien pour annoncer de cette manière peu protocolaire son déplacement au Maroc ?

Il est tout à fait clair que pour un président qui maîtrise parfaitement les codes de la nouvelle communication, cette posture était remplie de sens et de messages. Même s’il n’est pas certain qu’une pratique traditionnelle de la diplomatie dans le très tendu axe Paris/Rabat appréciera cette forme de légèreté apparente avec laquelle des choses importantes, voire décisive sont dites.

Mais le message qu’Emmanuel Macron a voulu probablement passer est le suivant : les braises de ma visite en Algérie et mon partenariat renouvelé sont encore fumantes que je programme déjà une visite au Maroc, le pays-obsession du régime algérien.

Nombreux sont ceux qui ont observé que lors des deux déclarations conjointes des présidents français et algérien, Abdelmajid Tebboune avait évoqué « le Sahara occidental » au nombre des crises régionales qu’il a discutées avec son invité, alors qu’Emmanuel Macron a totalement ignoré le sujet préférant une digression sur la crise ukrainienne. Emmanuel voulait donner cette impression que ce sujet saharien n’a pas été évoqué ou sinon vraiment à la marge qui ne nécessite aucun commentaire. Et toute la question qui frémissait sur toutes les lèvres est : quel impact aura cette nouvelle bromance politique entre Emmanuel Macron et Abdelmajid Tebboune sur les relations entre marocains et Français?

Cette visite au Maroc, annoncée par Macron sur les réseaux sociaux, revêt donc dans le contexte actuel une importance capitale, voire déterminante. Elle interviendrait au lendemain de son déplacement algérien où Alger était censé pratiquer un chantage sur la France pour l’empêcher d’adopter des positions pro-marocaines sur la question cruciale du Sahara.

Au jour d’aujourd’hui, Paris se contente de soutenir l’option de l’autonomie et s’abstient de reconnaître ouvertement et pleinement la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Les raisons qui l’en empêchent sont aussi obscures que politiquement injustifiées.

Cette visite d’Emmanuel Macron interviendrait aussi alors que la tension grésille depuis des mois sur l’axe Paris /Rabat. Une méfiance sourde. Une distance sèche. Un froid mutique. La crise des visas est venue porter cette atmosphère tendue aux nues. Les Marocains n’ont jamais avalé qu’on puisse les mettre dans le même sac et les punir pour une histoire de laisser-passer consulaires, sinon fictive, du moins volontairement sur-gonflée.

Même si la diplomatie marocaine n’a pas encore réagi à l’annonce d’Emmanuel Macron de se déplacer au Royaume en octobre prochain, il parait acquis aujourd’hui que cette visite doit forcément faire bouger les lignes si elle veut marquer les esprits et l’histoire.

Et comme elle interviendrait au lendemain d’un discours historique où Le Roi Mohammed VI avait sommé les alliées, dont la France, de sortir de la zone grise quant à leur positionnement sur le Sahara, il paraît inimaginable que le président français puisse se déplacer au Maroc sans apporter dans ses bagages la mise à jour nécessaire du logiciel de la relation France/Maroc compatible avec les choix stratégiques des nouvelles directives royales.

Cette visite, si elle a lieu, aura pour grandes lignes directrices la réinvention du partenariat d’exception qui lie la France au Maroc. Cela ne sera possible que si les deux pays entament un dialogue franc pour crever tous les abcès, accompagné d’un abandon français de cette zone de confort qui justifierait la non reconnaissance pleine et entière de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

D’ici Octobre, Paris devra mettre à plats toutes les contraintes et les freins qui empêchent une telle évolution, tout à fait naturelle et logique d’un allié du Maroc qui se veut d’exception.

C’est une visite hautement politique que Macron va effectuer au Maroc. Le statut quo comme les retours en arrière sont strictement interdits et toutes les audaces et les folles ambitions sont permises. C’est à ce prix-là que la relation France/Maroc pourra se relancer dans la bonne direction et donner au partenariat d’exception qui lie les deux pays une nouvelle voilure qui consolidera ses fondamentaux et libérera les énergies indispensables à son épanouissement.

 

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